Sri Lanka - un pays en faillite

Le Sri Lanka fait face à sa pire crise économique depuis son indépendance. 
D’autres pays pourraient rencontrer les mêmes difficultés dans les prochains mois.

Longtemps connue sous le nom de Ceylan, cette île située au sud-est de la péninsule indienne faisait partie de l’Empire des Indes britanniques jusqu’en 1948, année de son indépendance. Cette jeune nation connaît une histoire mouvementée. Une guerre civile a ensanglanté le pays jusqu’en 2009 ; elle a pris fin avec la reddition des Tigres tamouls, principal mouvement de résistance armée. 

Une dynastie gourmande

Depuis lors, le pouvoir était confisqué par une dynastie familiale, les Rajapaksa. C’est le deuxième frère qui est à la fois président et ministre de la défense. Son frère cadet cumulait les fonctions de Premier ministre, ministre des finances, de l’urbanisme et des affaires bouddhistes. Il vient d’échapper à la vindicte populaire, au prix de sa démission.

Le frère aîné occupait, quant à lui, les fonctions de ministre de l’irrigation, de la sécurité, de l’intérieur et de la gestion des catastrophes. Le « chef du clan » avait aussi placé son fils à l’agriculture, et son neveu à la jeunesse et aux sports. La prospérité familiale était bien assurée. Celle du pays a été sacrifiée.

Les caisses de l’État sont vides

Sept heures : c’est aujourd’hui le temps d’attente aux stations-
services de la capitale, Colombo, pour espérer faire le demi-plein de son réservoir. Il n’y a plus de réserves. Trois pétroliers attendent à l’entrée du port ; mais il n’y a plus d’argent pour payer la cargaison.

Cette pénurie s’étend aux produits de première nécessité, aliments et médicaments. Les prix s’envolent. L’électricité est coupée plusieurs heures par jour. Le pays est paralysé et le peuple en colère se révolte. Car cette crise n’est pas seulement le résultat de la pandémie, ni du changement climatique ou de la guerre en Ukraine.

Elle est d’abord la conséquence de la corruption et d’une mauvaise gestion au plus haut sommet de l’État. L’économie d’un pays suit la même règle que la gestion d’un foyer : on ne peut pas dépenser longtemps plus que ce que l’on gagne. C’est le sens premier du mot « économie ».

L’État sri lankais est « en défaut de paiement ». Il y a plusieurs manières pour un État de gagner de l’argent : vendre à l’étranger ce que le pays produit (le commerce extérieur), faire venir des étrangers pour qu’ils dépensent leur argent chez vous (le tourisme), prélever des impôts sur la richesse de ses habitants (la fiscalité). Mais une seule offre une solution rapide : emprunter à des créanciers, quitte à augmenter encore sa dépendance à leur égard (la dette). 

Aujourd’hui, le Sri Lanka peut compter sur l’aide de ses voisins, Inde et Chine, mais aussi d’organismes internationaux. À condition d’engager des réformes profondes. Il y a besoin de 75 millions de dollars dans les prochains jours pour faire tourner l’économie, a indiqué le nouveau Premier ministre : «  Les deux prochains mois seront les plus difficiles de notre vie. » 

Emmanuel

Actuailes n° 147 - 25 mai 2022