Émirats arabes unis - échec et mat

Le président des Émirats arabes unis, le cheikh Khalifa ben Zayed, est décédé le vendredi 13 mai à l’âge de soixante-treize ans. Fils du fondateur de cet État, il désigne son frère pour lui succéder. 

Le cheikh est mort, vive l’émir !

Nommé vice-Premier ministre en 1971, à l’âge de vingt-trois ans, le cheikh ben Zayed succède en 2004 à son père, président et fondateur des Émirats arabes unis. Ce très riche État du Golfe regroupe sept émirats, dont Dubaï et Abu Dhabi. Un émirat est un territoire gouverné par un émir, c’est-à-dire un prince.

Malade depuis 2014, le cheikh avait laissé son frère, le prince héritier Mohammed bin Zayed (MBZ), actuel ministre de la Défense, diriger le pays. Cet ancien pilote a notamment donné un poids régional à son pays, qui pèse désormais sur la scène internationale : guerres au Yémen et en Syrie, crises en Libye et au Liban, question du nucléaire iranien… MBZ, apprécié et respecté, devrait logiquement être élu président.

Une dynastie présidentielle

Ce pouvoir fort étonne par sa capacité à conjuguer l’ancien et le moderne. Les Émirats arabes unis sont tout à la fois extrêmement ouverts sur le monde et, à certains égards, repliés sur eux-mêmes. En effet, l’occidentalisation de la société (modes, confort, haute technologie, arts…) s’explique par une majorité d’habitants non émiriens, mais expatriés. Mais, en même temps, certains postes (dans l’administration notamment) et privilèges sont exclusivement réservés aux Émiriens.

De même, ce pays mêle un découpage territorial en émirats d’origine tribale – même si l’histoire de ce pays ne remonte qu’au XXe siècle ! – et une gouvernance fédérale. Les princes sont donc administrativement sous la férule du président : c’est une monarchie constitutionnelle.

Un mirage, des émirats

Ce pays doit son très rapide essor économique à plusieurs facteurs : avant tout, de grandes richesses pétrolières, mais aussi une vision portée très tôt par les hommes forts de l’État. Aujourd’hui, les Émirats sont autant connus pour leur pétrole que par les touristes, les banques, mais aussi les artistes et les grandes écoles : le Louvre d’Abu Dhabi ou encore la Sorbonne d’Abu Dhabi sont deux exemples de succès franco-émiriens. 

Ce pays de tentes et de chameaux il y a moins d’un siècle, et de gratte-ciel et voitures de luxes aujourd’hui, surprend par son ascension fulgurante. Grâce à une diversification économique prometteuse, Abu Dhabi a de loin dépassé ses voisins arabes, qui voient s’éloigner ce frère vers l’Occident auquel tout le rattache. Un peu comme un mirage auquel on rêve, Abu Dhabi semble une oasis pour nombre de nomades. Mais, d’une certaine façon, il disparaît du paysage lorsqu’on y regarde de plus près…

Le savais-tu ?

L’expression « échec et mat », annoncée par le vainqueur d’une partie d’échecs, vient de l’arabe « El-Sheikh mat », qui signifie, littéralement, « le roi est mort ».

Actuailes n° 147 - 25 mai 2022