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La grande muraille verte

La grande muraille verte

24-05-2022 à 16:13:00

Pour faire face à la désertification au Sahel, un défi immense a été lancé : créer une grande muraille verte afin de restaurer la végétation de Dakar à Djibouti. Il s’agit aussi de développer durablement ces zones vivant dans une extrême pauvreté et de créer des emplois, dans l’agriculture notamment.

Lancé en 2007, ce projet titanesque, sans doute un des plus ambitieux en matière d’environnement, peine à décoller : sur les cent millions d’hectares envisagés au départ, seuls dix millions auraient été aménagés jusqu’à aujourd’hui. 350 000 emplois auraient néanmoins été crées, mais le projet se heurte à trois contraintes importantes.

La situation politique et sécuritaire, tout d’abord : la zone d’implantation de la grande muraille correspond à des pays à la gouvernance faible, et à une zone où sévissent les groupes terroristes. « Difficile d’aller planter des arbres quand des gens se tirent dessus »…

Des facteurs naturels ensuite : la pluviométrie est en chute dans cette région, parmi les plus arides au monde. De plus, la pression des élevages et des troupeaux – seul moyen de survie pour les populations – est forte et les animaux mangent bien souvent les jeunes pousses.

Enfin, le projet manque cruellement de financement et de coordination. Pour atteindre l’objectif des cent millions d’hectares en 2030, il faudrait injecter 4,3 milliards par an. Malgré les nombreuses aides extérieures, les États africains ne s’impliquent pas tous suffisamment. L’initiative est globale et il est compliqué de coordonner les onze pays concernés.

Les plus belles réussites sont donc avant tout locales. Réalisation de pâturages sous couvert forestier, orangeraies dans la région d’Agadez au Niger ou pommeraies au Tchad. Cent trente millions d’arbres ont été plantés en Érythrée. Les Burkinabés sont, quant à eux, devenus les champions du zaï, ces semis en « demi-lunes » d’héritage dogon qu’on aperçoit depuis le ciel quand on survole le pays (cf. photo) : cette technique consiste à creuser de petites fosses pendant la pré-saison pour capter l’eau et y concentrer le compost. Ils ont ainsi réhabilité trois millions d’hectares de terres stériles et développé les récoltes de sorgho, mil ou spiruline.

Une fois achevée, cette muraille deviendrait la plus grande structure vivante de la planète, piégeant un maximum de dioxyde de carbone (objectif de trois cents millions de tonnes de CO2). Mais cela passe par une meilleure coordination entre les acteurs, et par une amélioration de la situation sécuritaire, qui est loin d’être acquise.

Guillaume

Actuailes n° 147 - 25 mai 2022

 

 


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