Un jeune garçon nommé Paulo vagabondait dans les rues d’un bidonville d’une métropole. L’éclairage public n’y fonctionnait plus depuis longtemps. Alors, chaque nuit, le quartier était plongé dans le noir.
D’une ruelle devant laquelle il passait, Pau’, comme on le surnommait, fut appelé par un homme mystérieux.
– Par ici, gamin ! Par ici ! lui lança-t-il avec une voix rocailleuse.
Intrigué, Pau’ entra dans la ruelle – une impasse – et s’approcha de l’homme dont il découvrit enfin le visage. Mais ce visage assez ridé n’avait pour Pau’ rien de familier.
Sans dire un mot, le vieil homme fit apparaître d’on ne sait où un flambeau qu’il remit au garçon. Paulo lui demanda :
– Qu’est-ce que c’est ?
– C’est un flambeau,
jeune homme. Mais pas n’importe lequel. Tu dois garder ce flambeau allumé jusqu’au bout de la nuit.
– Et pourquoi ?
Que se passera-t-il, sinon ?
– Si ce flambeau s’éteint,
le soleil ne se lèvera plus et ce quartier sera pour toujours plongé dans le noir.
– Comment est-ce possible ?
– Crois-moi sur parole, gamin ! J’ai gardé ce flambeau allumé pendant des décennies
et maintenant je te passe
le relais. À toi de jouer !
– Mais si je veux dormir ?
– Surtout, ne ferme pas l’œil ! Reste éveillé ! Le flambeau
te donnera la force de tenir.
Il te portera, tant que tu
le porteras. Et viendra un jour où le soleil ne se couchera plus… et nous non plus, d’ailleurs.
– Je ne comprends pas. Pourquoi moi ?
– Tu ne seras pas seul.
Demain, tu n’auras
qu’à trouver une autre personne pour garder le feu…
À peine Pau’ baissa-t-il les yeux vers le flambeau que le vieil homme avait disparu. Alors, il reprit sa marche à travers l’obscurité du bidonville, le flambeau à la main.
De nombreuses personnes lui demandaient ce qu’il faisait avec cet objet à la main. Et, lorsqu’il racontait son aventure, la plupart des gens n’y croyaient pas et le tournaient en dérision. Mais une poignée d’enfants de la rue le suivait ; d’heure en heure, ils devenaient toujours plus nombreux. Et tous voulaient reprendre le flambeau pour les nuits à venir.
…
Le flambeau de cette histoire symbolise la foi chrétienne que nous avons reçue de nos prédécesseurs : nos parents, nos ancêtres, les missionnaires qui ont évangélisé notre pays, les évêques, les apôtres, et enfin Jésus-Christ. De l’événement fondateur qu’est la Résurrection à nos jours, des générations se sont succédé pour transmettre et raviver la flamme de la foi.
Et la foi est vraiment comme un feu. Elle est fragile au début, comme après la Résurrection ou le baptême, mais, si elle est suffisamment entretenue et alimentée, rien ne peut lui résister, comme après la Pentecôte ou la confirmation. Alors, que l’Esprit saint ravive en nous la flamme de la foi pour qu’elle devienne un incendie de charité prêt à embraser le monde !
Frère André-Marie
Actuailes n° 147 - 25 mai 2022
Actuailes 2024 © Tous droits réservés. Conditions d'utilisation with & by Website-modern - Se connecter