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Un héros

Un héros

24-05-2022 à 17:40:00

Un héros « malgré lui », pourrait-on rajouter en sous-titre ! Nonobstant les accusations de plagiat qui courent ces temps-ci contre son réalisateur Asghar Farhadi, ne passez pas à côté de ce film iranien primé à Cannes l’an dernier.

Rahim purge une peine de prison pour n’avoir pas pu rembourser une dette contractée auprès de son ex-beau-frère. Divorcé, il est amoureux de l’orthophoniste de son fils, Farkhondeh, et souhaite l’épouser le plus tôt possible. Pour cela, il faudrait qu’il trouve suffisamment d’argent pour s’acquitter de sa créance. Lorsque Farkhondeh trouve un sac à main contenant dix-sept pièces d’or, la liberté semble au bout du chemin ! Mais Rahim décide finalement de retrouver la propriétaire de ce trésor. Sans le savoir, ni le vouloir, il a mis en marche un engrenage implacable ! 

Avec son sourire – dont le spectateur se demande au cours du film s’il est factice ou réel – notre héros, parfait faux coupable hitchcockien, se débat dans une sorte de toile d’araignée qu’il a lui-même tissée, à coup de petits demi-mensonges et de grande naïveté peut-être. Mais son personnage est suffisamment ambigu pour que le doute plane sur ses intentions réelles, et ce jusqu’au bout. Fin ouverte donc, chacun s’en fera une idée : je ne vous dis pas la mienne !

Le cinéma iranien est un souffle d’air et d’originalité dans le monde des productions formatées et parfois interchangeables des réalisations occidentales. La censure islamique y est très forte, surtout autour de la représentation des femmes, qui ne peuvent être filmées tête nue : on est loin des productions françaises ! Pas question non plus de critiquer le gouvernement !

Farhadi réussit donc l’exploit de ne rien condamner ouvertement, tout en mettant en évidence que le mensonge gangrène la société iranienne : à commencer par l’administration pénitentiaire et, pire, un curieux organisme de charité !

C’est peut-être pour cette raison que, malgré une production franco-
iranienne, le tournage à Chiraz et l’aval de la censure, ce film n’est pas sorti sur les grands écrans d’Iran… alors que sa renommée est internationale ! La prouesse est aussi dans la grande vraisemblance du récit et un scénario très rigoureux. La photographie est très belle et, surtout, même si vous ne parlez pas le persan, il vous faut absolument regarder ce film en VO pour ne rien perdre de la sonorité de la ville.

À partir de dix ans.

Catherine Bertrand

Actuailes n° 147 - 25 mai 2022


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