D’avril 1931 à février 1932, une quarantaine d’hommes et quatorze autochenilles tentent d’établir une liaison entre la mer Méditerranée et la mer de Chine, en suivant les traces de Marco Polo sur la route de la soie : c’est la Croisière jaune.
Après deux expériences en Afrique, l’expédition « Citroën Centre Asie » doit prouver au monde les qualités techniques des véhicules du constructeur automobile français. Trois années de préparation et de négociations diplomatiques sont nécessaires. Mais non pas suffisantes : trois mois avant le départ, l’Union Soviétique refuse le passage sur son territoire. Faute de pouvoir contourner l’Himalaya par le nord et les républiques d’Asie centrale, il faudra donc traverser le toit du monde par l’Inde. On va alors diviser la mission en deux groupes, qui auront pour objectif de se rejoindre dans l’Empire du Milieu, à Kashgar (actuel Xinjiang). Partant de Beyrouth au Liban : le groupe « Pamir », constitué de sept autochenilles légères et entièrement démontables, dirigé par Georges-Marie Haardt, ingénieur et administrateur de la société aux deux chevrons, et Louis Audouin-Dubreuil, pilote et méhariste. De l’autre côté : le groupe « Chine », sous les ordres d’un jeune officier de marine familier de ce pays, Victor Point, à la tête d’une colonne de sept engins plus lourds. S’ajoutent à cette épopée des scientifiques, des artistes, des techniciens, cameramen, et même des religieux jésuites ! Le départ est donné le 4 avril 1931.
Une épopée historique
Beyrouth, Damas, Bagdad, Téhéran : pour le groupe parti du Levant, le climat, les amplitudes thermiques entre désert et montagne, puis le relief de l’Asie centrale seront les principales difficultés. Seuls deux véhicules parviendront à franchir les cols de l’Himalaya, à plus de 4 000 m d’altitude, parfois démontés et transportés à dos de mulet sur des pistes ouvertes à la dynamite. Pour le groupe « Chine », les aléas seront moins prévisibles : tempête de sable, explosion de bidon
d’essence, et enfin, capture par le gouverneur d’une tribu locale. C’est le groupe « Pamir » qui viendra négocier leur libération ! La jonction a lieu le 8 octobre et, après avoir traversé le désert de Gobi, la steppe mongole et la Grande Muraille, l’expédition arrive à Pékin le 12 février 1932.
Il faudra encore rejoindre l’Indochine française pour embarquer à Saïgon à bord du navire qui ramènera tout le monde en France.
À l’arrivée à Marseille, le 2 avril 1932, un seul homme manque à l’appel : Haardt, décédé d’une double pneumonie à Hong Kong trois semaines auparavant. « L’homme est mort, mais l’œuvre reste. Ramenez en France le corps de votre chef. Je pleure avec vous », écrira André Citroën aux membres de l’expédition. Elle restera l’un des plus grands exploits automobiles du XXe siècle et une belle aventure humaine.
Pour aller plus sur la route de la soie pendant les vacances
•le film de l’expédition : Les rencontres de La Lanterne magique – La Croisière jaune / Facebook
•un livre : La Route aux Aventures, Guy de Larigaudie
(une expédition analogue de Paris à Saïgon, réalisée en 1937, à la manière scoute)
•un musée : Musée de la Compagnie des Indes, Citadelle de Port-Louis, Morbihan
(musée de la Compagnie des Indes – musee.lorient.bzh)
•Un plat cuisiné à faire soi-même : des maki-sushis (recette maki sushi sur YouTube)
Emmanuel
Actuailes n°149 - 22 juin 2022
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