La nouvelle loi de programmation militaire

La guerre en Ukraine a confirmé qu’il était désormais indispensable de conforter les moyens de notre armée. Une nouvelle loi de programmation militaire est en préparation pour s’en assurer.

Les armées ont connu des baisses de budget continues depuis 1991 et la fin de la menace qui pesait à l’Est avec l’Union soviétique. Soucieux de faire des économies et d’orienter ailleurs le budget de l’État, les gouvernements qui se sont succédé ont réduit les moyens financiers des armées. Selon eux, la paix régnant en Europe, les militaires ne devaient mener que des missions de maintien de la paix, essentiellement en Afrique. Ils n’avaient donc pas besoin de beaucoup de chars, de canons et d’avions de chasse, mais d’une troupe de professionnels capables de faire la guerre dans le monde entier face à un ennemi peu puissant.

Cette illusion s’est estompée avec la remilitarisation de nombreux pays et la montée de tensions dans le monde entier. La guerre est redevenue un moyen de règlement d’un différend politique entre deux pays. Le conflit qui a éclaté en Ukraine en est la parfaite illustration. Les budgets militaires français ont commencé à augmenter il y a cinq ans afin de faire face à ces nouvelles menaces. Mais ce mouvement doit désormais s’amplifier. Les Allemands viennent d’annoncer une enveloppe de cent milliards d’euros afin de disposer de la première armée européenne. Quelle sera la réponse française ?

Les états-majors la préparent avec leurs travaux sur une loi de programmation militaire qui va fixer les moyens financiers des armées pour les prochaines années. En dépit du fort endettement du pays, la hausse devra être forte afin de doter les armées des moyens leur permettant de faire et gagner la guerre en 2030, ou avant, face à un ennemi disposant de moyens identiques. À Balard, au siège du ministère des Armées à Paris, de nombreux officiers et civils réfléchissent donc aux armements qu’il s’agit de posséder au plus vite : satellites, canons tirant plus loin, missiles plus performants, drones plus nombreux, robots… La liste est longue, sans oublier la question d’un second porte-avions pour la Marine ou du nombre de Rafales pour l’armée de l’Air. Il est aussi question d’entraînements plus durs, avec ou sans nos alliés, du nombre de combattants, de stocks de munitions, mais aussi de communica- tion et d’image afin de gagner la bataille des esprits.

Il sera difficile de compenser en quelques années trois décennies de budgets insuffisants. Les réflexions en cours sont donc déterminantes pour identifier les priorités, et reconstruire ainsi au plus vite ce qui fera la puissance des armées françaises. 

Julien Magne

Actuailes n°150 - 18 septembre 2022