Dans quelques semaines débutera la coupe du monde de football au Qatar. Ce petit pays très riche du golfe arabopersique a entrepris en 2010 la construction d’infrastructures dédiées, à coups de milliards de riyals et de milliers de morts.
Coup d’envoi
L’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamed Al Thani, a remporté il y a douze ans la compétition pour organiser la coupe du monde de football, l’un des plus grands événements sportifs du monde. Ont alors débuté des chantiers gigantesques de construction de stades et d’infrastructures en tout genre : villages, hôtels tout équipés, réseaux urbains, etc. Le petit État, désertique, l’un des plus chauds de la planète et dont la population est à grande majorité étrangère (expatriés occidentaux et ouvriers asiatiques, notamment), s’est lancé dans un défi absurde : organiser des rencontres sportives professionnelles… à partir de rien. Objectif atteint. Mais c’est là la seule victoire de cette pétromonarchie, dont l’équipe nationale n’est d’ail- leurs pas vraiment cotée. Très vite, les critiques se sont multipliées, mais sans grande conséquence, sur ce projet, désastreux à bien des égards.
Tacle
Certains États, personnalités ou organisations se sont élevés contre la décision de confier cette affaire à Doha (capitale du Qatar). Non pas que le pays n’en soit pas capable. Mais la fin ne justifie pas tous les moyens. La main-d’œuvre n’existe pas au Qatar, qui doit donc l’im- porter. Par conséquent, des milliers de travailleurs immigrés, en grande partie d’Inde, du Pakistan et d’Asie du Sud-Est sont venus chercher du pain. Pour fournir des jeux aux autres. Les conditions de travail sous la chaleur (50 °C par- fois), leur statut précaire et leurs revenus dérisoires ont rappelé une forme d’esclavage et révélé au monde une réalité dans les États arabes du Golfe. L’exploitation de l’Homme par l’Homme a dépassé ici une certaine mesure. Si certaines conceptions culturelles ontpu expliquer ce genre de pratiques, le commun des mortels n’accepte pas d’assister à des matchs de foot dans des stades construits au prix de plus de 6 500 morts.
Pénalités
C’est pour cela que les appels au boycott sont lancés : journaux, anciens sportifs (la légende française Éric Cantona, par exemple), personnalités du monde politique ou culturel… Chacun y va de sa voix. La FIFA est même incitée à verser une partie des bénéfices de la coupe du monde aux travailleurs. Ce faisant, chacun se fait supporter de l’équipe adverse au Qatar, mais avec des slogans que Doha, qui poursuit sa course, n’entend même pas. Au-delà d’une nature mal- traitée (les stades construits en plein désert seront climatisés) et d’une répartition très inégale des richesses, la question de l’arbitrage se pose. Qui, sur Terre, distribue les cartons rouges à l’Homme ?
Abul Jibril
Actuailes n°150 - 28 septembre 2022
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