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The Queen

The Queen

05-10-2022 à 06:36:00

À moins de vivre au fond d’une grotte sous-marine, il ne vous aura pas échappé que la reine Elizabeth II est décédée.

Le monde entier s’est figé autour de ses funérailles, aussi somptueuses que protocolaires. Près de 750 000 personnes se sont recueillies devant son cercueil. Les « grands de ce monde », monarques ou présidents élus, ont assisté à l’office religieux en la cathédrale de Westminster, pour un dernier hommage à ce personnage historique.

Comment expliquer une telle ferveur, même en France ?

Nous trouvons des éléments de réponse dans le film de 2006 du Britannique Stephen Frears. L’action s’y situe en 1997, à la mort accidentelle et tragique de Lady Di, « la princesse des cœurs et du peuple ». Fraîchement divorcée du prince Charles, poursuivie par les paparazzi, Diana a fait le jeu de la presse à scandale en égratignant les Royals pour devenir une image glamour s’étalant dans les magazines… Sa mort provoque une émotion quasiment mondiale, alimentée par ces mêmes revues people. Mais, à la cour, on ne déroge pas au protocole : Diana ne fait plus partie de la famille royale, son décès n’est pas une affaire d’État.

Frears nous embarque dans l’intimité de la reine, qui est interprétée à la perfection par Helen Mirren (récompensée à plusieurs reprises pour ce rôle). Son interlocuteur principal est son Premier ministre, Tony Blair (Michael Sheen, tout aussi remarquable). Entre les deux, un fossé politique, conceptuel, idéologique ! Deux mondes qui s’affrontent ! Blair est le chef d’un gouvernement d’une gauche progressiste qui a fait sa campagne sur la nécessaire modernisation de la constitution. Sa femme Cherie ne cache pas son inimitié envers la Couronne, ses conseillers politiques cèdent volontiers à la démagogie. La reine, elle, incarne la continuité, sans faux pas, l’engagement au service du peuple et la tradition historique qui ne plient pas au gré du vent des émotions.

Mêlant de nombreuses images d’archives à sa fiction, Frears et son complice, le scénariste Peter Morgan, nous donnent à voir et à comprendre les raisons légitimes de l’inflexibilité d’Elizabeth II : « Duty first, Self second » qui pourrait se traduire par « le devoir d’abord ». Mais la caméra sait capter l’émotion que la reine doit s’efforcer de cacher… et Helen Mirren incarne avec talent cette souveraine digne, pratiquement impavide en public, mais non dénuée d’humour avec ses proches. Michael Sheen joue un Tony Blair loyal et submergé par un sentiment qui le transcende : alors qu’il sent la monarchie en danger, il utilisera toute son influence pour la sauver.

Si Elizabeth II a dû céder à l’air du temps, elle en est ressortie grandie. Ses funérailles grandioses en sont la preuve et The Queen nous assène une vérité : l’unité de la nation n’est réussie que lorsqu’elle est incarnée par un être de chair et de sang, éduqué à régner, au service de Dieu, pour son peuple !

Catherine Bertrand

Actuailes n°150 - 28 septembre 2022


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