La France a longtemps fait figure de championne du nucléaire. Aujourd’hui, la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, alors que nous en avons besoin. Revenons sur une histoire mouvementée.
L’ industrie nucléaire française naît dans les années 1950, avec des volets militaire (la bombe atomique) et civil. Des réacteurs sont construits dans toute la France. Le nucléaire devient progressivement la principale source d’électricité, avec 70 % des besoins couverts. Plus de 220 000 emplois et 2 500 entreprises composent une filière d’excellence enviée mondialement. En effet, il produit une énergie peu chère et nousrend autonomes, contrairement aux Allemands qui dépendent du gaz russe. Avec cinquante-six réacteurs en France, et quinze en Grande-Bretagne, EDF est premier producteur mondial d’électricité nucléaire, et le premier exportateur européen.
Des ennuis à répétition
Alors que le prix de l’électricité flambe, la France pouvait espérer compter sur le coût modéré du nucléaire. Toutefois, plusieurs facteurs sont venus mitiger cette espérance, la filière nucléaire étant malade. La covid-19 a perturbé le programme d’entretien des centrales. Puis la corrosion a nécessité plusieurs arrêts de réacteurs pour contrôle et expertise. Sous lapressiondes écologistes, les dirigeants ont négligé cette filière qui a perdu en compétences. L’avenir devait être aux énergies renouvelables, le nucléaire ne devant représenter que 50 % de la production électrique en 2025. Il était prévu de fermer progressivement des centrales, à mesure que les éoliennes et les panneaux solaires prendraient le relais. Aujourd’hui, trente et un réacteurs sont à l’arrêt, sur un parc total de cinquante-six.
L’avenir
À court terme, EDF a annoncé que vingt-six destrente et un réacteurs arrêtés devraient redémarrer avant le 25 décembre 2022.Les cinq derniers devraient reprendre leur production avant le 18 février 2023. À moyen terme, il faut espérer que nos hommes politiques maintiennent leur regain d’intérêt et leur soutien à cette filière stratégique. À long terme, l’avenir se nomme EPR. Il s’agit d’un réacteur nucléaire de nouvelle génération de forte puissance, développé par EDF. Deux sont déjà opérationnels en Chine et un en Finlande. Un autre est en construction en France, etsix en projet. Emmanuel Macron espère poserleur première pierre en 2027, pour un démarrage en 2035.
Malgré de nombreuses péripéties, l’avenir du nucléaire semble donc prometteur, la crise énergétique née de la guerre en Ukraine ayant rappelé l’intérêt de disposer d’une électricité peu chère et produite de manière autonome en France.
Julien Magne
Actuailes n°151 - 12 octobre 2022
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