Une large route occupe tout le premier plan du tableau et entraîne notre regard jusqu’à un village posé sur une colline dans le lointain.
Derain nous plonge dans l’atmosphère chaude d’une journée d’été. Le temps semble suspendu dans ce paysage des Alpilles. Rien ne bouge. Aucune présence humaine ne vient troublerla quiétude du lieu. Pourtant, les hommessont bien présents, au travers des maisons qu’ils ont construites, siècle après siècle, marquant l’endroit, s’intégrant au relief. Le village est comme illuminé par une lumière intense venant de la droite du tableau.
Lors d’un séjour en Provence, Derain avait découvert Eygalières, représenté ici. La route, les arbres et leurs ombres sont constitués d’aplats de couleurs plus ou moins larges. Bordant la route, les arbres semblent encadrer le village de leurs troncs massifs. La palette utilisée est douce : ocres variés, des tons de terre cuite, des verts, un peu de noir pour quelques ombres et branchages.
Pourquoi dit-on que Derain est un artiste « fauve » ?
Lors du salon d’automne de 1905, un critique d’art parle de « fauves » à propos de certains peintres, dont Derain, évoquant les coloris francs utilisés. Dans les toiles des « fauves », on retrouve de grands aplats de couleurs vives, les contours sont souvent marqués et la lumière vive inonde les œuvres réalisées en plein air.
Mais ne cataloguons pas trop vite les artistes ! La route est une toile qui ne regroupe pas toutes les caractéristiques du fauvisme : les couleurs y sont plus douces que dans d’autres œuvres du même peintre.
Sophie Roubertie
Actuailes n°151 - 12 octobre 2022
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