facebook logo Twitter logo

facebook logo Twitter logo

Logo Header
Télécharger dernier numéro

Une épidémie de flemme touche la France

29-11-2022 à 18:15:57

La crise sanitaire, marquée par de nombreux confinements, a modifié les modes de vivre, de consommer et de travailler des Français, surtout chez les jeunes adultes.

Une grande dépression...

Une étude de la fondation Jean Jaurès est venue éclairer les conséquences de la crise sanitaire. Suite aux multiples confinements ou couvre-feux, les cinémas et les bars n’ont pas retrouvé leur fréquentation initiale. De nombreux Français ont démissionné de leur travail, et beaucoup d’employeurs peinent à embaucher (hôtellerie, restauration).

La cause serait à chercher du côté de l’impact psychologique des mesures sanitaires, qui auraient entraîné un ramollissement généralisé, une sorte de grande dépression. Ainsi, 30 % des personnes interrogées se déclarent moins motivées, et même 40 % des 25/34 ans. Géographiquement, cette démotivation touche 41 % des Parisiens, contre 20 % des habitants des campagnes. Il y a un lien entre cette démotivation et la fatigue, que 41 % des sondés ressentent comme plus forte qu’avant la crise. Cela en-gendre une baisse de la pratique sportive, une explosion des arrêts maladie et une moindre envie de sortir de chez soi ou de trouver un emploi.

... aux conséquences graves

Alors que nous habitons un des plus beaux pays de la planète, dont le monde entier envie la douceur de vivre, cette situation a de quoi surprendre. Elle est d’autant plus inquiétante qu’elle touche en priorité les jeunes adultes, qui sont l’avenir du pays. Et elle remet en cause la cohésion de la Nation, en affaiblissant lesrapports humains : au bureau avec le télétravail, dans les lieux de rencontres (bars, salles de sport, associations) et même au sein des familles. Elle engendre de la violence, comme le constate la police avec une plus forte agressivité des gens.Enfin, elle estsource d’appauvrissement avec une faible ardeur au travail et d’une moindre résilience, c’est-à-dire une baisse de notre capacité à faire face à une crise grave, par exemple une guerre. Serions-nous capables d’endurer les mêmes privations que celles que les Ukrainiens connaissent aujourd’hui ?

Et aux racines anciennes ?

Pour trouver le bon médicament, le médecin a besoin d’identifier la maladie. Il s’agit donc de déterminer les causes du problème. Les pistes sont nombreuses : effets de la covid surle tempslong, effets secondaires des vaccins, effets psychologiques de la dramatisation des événements et de l’isolement dû aux confinements ? Il s’agit là d’une affaire de spécialistes qu’il conviendra de suivre. Les racines ne sont-elles pas plus anciennes? La crise sanitaire n’aurait-t-elle pas fait que les amplifier? En effet, la montée de l’individualisme ne date pas d’hier, marquée par la chute du bénévolat, l’isolement numérique via les réseaux sociaux et les jeux vidéo, ou encore la crise de la famille à traversla multiplication des divorces.

Plus fondamentalement, le modèle de société basé sur une consommation effrénée de produitssouvent inutiles,sur l’immédiat au détriment du temps long et sur la primauté de l’individu sur le groupe, ne pouvait-il pas conduire qu’à une grande dépression, tant il était fragile ? Enfin, la perte de sens, avec la marginalisation des religions et du sens du sacré, et de la fierté d’être Français, ont bouleversé notre pays. Serions-nous capables d’endurer une nouvelle guerre de 14-18 ? Ce n’est pas une question saugrenue, car une guerre de ce type se déroule actuellement en Ukraine, à seulement 2 000 kilomètres de chez nous.

Pour aller plus loin

Cette situation n’est-elle pas une bonne occasion de réfléchir ? Quel est le sens de ma vie : consommer ou m’élever ? Quel est mon rapport aux autres : chacun pour soi, ou tous pour un ? Qu’est-ce qui est le plus important pour être heureux, le nouvel Iphone acheté lors du Black Friday ou du temps passé entre amis ou avec ma famille ? Quelles sont les valeurs qui me guident : ma foi, l’amitié, le courage ou bien le plaisir égoïste et sans limites ? Face à l’ampleur de la crise, nul ne peut faire l’économie de ces réflexions, dont dépend l’avenir de notre pays et le bonheur de chacun.

Julien Magne

Actuailes n°153 - 30 novembre 2022


0 vote


Imprimer