Nouvelle crise politique au Liban

Le 31 octobre 2022, prenait fin le mandat de six années à la présidence de la République du général Michel Aoun.

Un système électoral très particulier

Au Liban, c’est la chambre des députés, c’est-à-dire l’assemblée des députés élus par les électeurs qui choisissent le président de la République parmi les candidats. Une particularité un peu surprenantedusystèmepolitique libanais : le président appartient obligatoirement à la communauté chrétienne maronite – la communauté chrétienne la plus nombreuse au Liban – de même que le Premier ministre est obligatoirement un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite. Ce système original a été imaginé et mis en place, carleLiban est un pays confessionnel – très différent dessystèmeslaïcs – danslequel chacun est défini par son appartenance à l’une des dix-huit communautés reconnues au Liban : de musulmans chiite, sunnite, druze à chrétiens maronite, melkite, grec orthodoxe ou syriaque. Au terme d’une guerre civile cruelle et meurtrière de 1975 à 1990, puis d’une occupation syrienne tout aussi dure etinjuste (1990-2005), le Liban peine depuis quinze ans à stabiliser son système politique dans un contexte de crises successives, terribles pour la population.

Les députés entre parti et patrie

Aujourd’hui encore, avec le départ du président Aoun, les députés ne parviennent pas à déterminer le candidat qui assumera la présidence, d’une part parce qu’ils sont très divisés, et d’autre part parce que le système électoral impose un « quorum », c’est-à-dire une part du nombre de députés presque impossible à atteindre du fait des divisions. Certains partis inféodés à des pays étrangers profitent de cette situation pour montrer combien le système libanais est faible. Aujourd’hui, rien n’indique qu’une issue heureuse puisse être trouvée. Les députés sauront-ils privilégier l’intérêt supérieur de leur payssur desintérêts partisans ? La rue pourrait-elle faire pression sur eux ? Les manifestations populaires reprendront-elles à la fin de l’année 2022 ? Vous pouvez comptersurActuailes poursuivre de près cette situation préoccupante. 

Le savais-tu ?

L’État libanais a été créé par la France en 1920 sous le nom de « Grand Liban ». Il est devenu indépendant en 1943. Ce petit pays de 6 millions d’habitants a la par-ticularité de compter une forte population chrétienne, ce qui est singulier au Proche-Orient. Le Liban a connu une forte croissance économique après son indépendance, au point d’être surnommé « la Suisse du Moyen Orient ».

Le pays était renommé pour ses banques, ses sociétés de commerce et pour le tourisme. De 1975 à 1990, une terrible guerre civile a opposé les Palestiniens, chassés d’Israël et alliés à des milices musulmanes, aux milices chrétiennes qui souhaitaient éviter que les Palestiniens prennent le contrôle du pays. Le pays ne s’en est jamais vraiment remis. De nombreux Libanais ont fui leur pays. Ils seraient 14 millions à constituer la diaspora libanaise, dont 6 millions au Brésil, 2 millions aux États-Unis et 250 000 en France.

Melicène Syphore

Actuailes n°153 - 30 novembre 2022