Conte allégorique sur la chute de l’homme et sa rédemption
Premier acte : trop beau pour être vrai ?
Un jeune prince,Théophane, était sur le point de succéder sur le trône à son père. Mais, avant cela, il devait trouver une femme à épouser. On organisa alors une série de réceptions au palais royal où furent conviées les jeunes femmes du royaume. Les premières invitées furent les demoiselles de haut rang. Parmi elles, se trouvait Cybèle, dont la beauté était connue par toute la terre. Et il faut reconnaître que son charme semblait vraiment sans égal. Aussi, lorsqu’elle vint au palais, tous, même les autres prétendantes,s’attendaient à ce que le prince la prenne pour épouse. Mais, bien que tous les regards fussent fixés sur elle, celui du prince était ailleurs. Il n’y eut pas d’heureuse élue ce soir-là. D’autres réceptions eurent lieu, avec des jeunes femmes de toutes conditions, mais aucune ne semblait trouver grâce aux yeux du prince. Lorsde ladernière réception, furent conviées les demoiselles de la région la plus pauvre du royaume.Leur venue au palais provoqua l’étonnement et l’amusement de toute la cour du roi ; c’était pour eux un spectacle très inhabituel. Et pourtant, l’une d’entre elles retint particulièrement l’attention du prince. Après un profond soupir, celui-ci s’enquit auprès d’un serviteur : — Mais qui donc est celle-ci ? — Votre Majesté, c’est Myra, fille de Jéro, un pauvre paysan. — Myra ! N’est-elle pas admirable ? — Vous semblez sous lecharme ! — Oui, j’ignore ce qui m’arrive. Tout à coup, il me semble que le monde entier n’est qu’un écrin pour cette perle. Voulez-vous bien la faire venir auprès de moi ? Le valet fit venir Myra auprès du prince. Et celle-ci échangea quelques mots avec son hôte enchanté. Puis Théophane la quitta pour se retirer seul dans sa chambre et entrer dans une profonde réflexion. Après avoir mûrement réfléchi, il fit enfin connaître son choix aux gens présents : « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. Aujourd’hui, l’une d’entre vous a conquis mon cœur. Et donc, siellelesouhaite,elle pourra régner sur lui. Il lui sera également donné de régner sur vous. Son nom est... » La magnifique Cybèle, présente elle aussi, crut que le prince parlait d’elle. Mais Théophane poursuivit : « Son nom est Myra. » Puis, se tournant vers Myra, il lui dit : — Venez prendre place auprès de moi,ma tendre bien-aimée. — Je ne sais, répondit-elle, si je suis digne d’un tel honneur.
Le valet qui se tenait à sa droite lui adressa ces mots d’encouragement : — Oubliez votre peuple et la maison de votre père, alors le fils du roi désirera votre beauté. Alors, s’avançant timidement, elle prit la main de Théophane qui la fit asseoir à ses côtés. C’est ainsi que la pauvre Myra fut relevée de la poussière, pour être installée avec le prince, avec le prince de son peuple. Le lendemain, il fut notifié à tous que lesfiançailles auraient lieu dans une semaine.
La jalousie de Cybèle
Cette nouvelle déplut fortement à Cybèle, qui n’en revenait toujours pas du choix du prince. Aussi murmurait-elle contre lui : « Le prince semble avoir perdu la tête ! Pourquoi se déshonore-t-il ainsi, à choisir quelqu’un de si basse condition ? Cette femme n’est pas comme nous, et elle ne le sera jamais. Une fois anoblie, elle ne saura jamais tenir son rang ! » Cybèle parlait ainsi, car elle jalousait Myra. Elle auraitsouhaité que ce fût elle qui fût choisie à sa place. Dévorée par la jalousie, elle se mit à chercher comment empêcher cette surprenante union, et finit par trouver le moyen de se débarrasser de sa rivale. Afin de réaliser son plan inavouable, Cybèle se présenta en secret chez celle qui devait être sa victime : — Bonsoir Myra, jesuis Cybèle, de la cour du roi. Je suis là pour vous avertir d’une chose très grave. C’est à propos du prince. — Qu’y a-t-il ? — J’ai entendu dire que ses intentions à votre égard ne sont pas droites. — Comment ? — En vérité, il se joue de vous. Une fois qu’il se sera lassé de vous, il vous délaissera pour une femme de haut rang. — Je n’arrive pas à le croire. — C’est pourtant vrai. Et cela se sait déjà partout à la cour. Ma chère, sauvez ce qu’il vous reste d’honneur ! Je peux vous faire partir pour un autre pays, où vous pourrez refaire votre vie, et oublier cet homme qui n’en vaut vraiment pas la peine. — Je ne vois rien d’autre à faire, soupira Myra le visage en pleurs. Cybèle lui fit prendre un bateau en partance pour un autre continent, en lui promettant qu’une fois là-bas des gens prendraient soin d’elle. Mais, dès son arrivée dans le pays inconnu, Myra fut vendue à un être monstrueux qui fit d’elle son esclave. ● À suivre...
Frère André-Marie
Actuailes n°153 - 30 novembre 2022
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