Le 3 décembre, Mohammad Jafar Montazeri, le procureur général iranien, a annoncé la dissolution de la police des mœurs. Cette unité était à l’origine de l’arrestation le 13 septembre à Téhéran, pour « tenue indécente », de Mahsa Amini, décédée en détention au bout de 3 jours.
Que fait la police (des mœurs) ?
Créée sous le président conservateur Ahmadinejad, cette unité a commencé ses« patrouilles d’orientation » (c’est son nom en persan) en 2006. Elle avait pour mission de répandre la culture de la « décence et du hijab » (le voile porté par les femmes) et était composée d’hommes en vert et de femmes en noir portant le tchador, qui couvre la tête et le corps. En pratique, toute personne vêtue à l’encontre des règles était emmenée par la police. Avec le temps, le rôle de cette police a évolué. Maisson existence et son activité ont toujours divisé, dansla rue etsurla scène politique. En effet, à l’époque du président Ahmadinejad (de 2005 à 2013), et sous le président actuel – Raïssi, depuis 2021 –, les lois autour des mœurs sont strictes et leur application sévère. Entre ces deux présidents, Hassan Rohani (président de 2013 à 2021) a cependantréduit les prérogatives de cette police iranienne. Et l’on pouvait voir dans les rues de Téhéran des femmes en jeans portant des voiles colorés. Mais ça, c’était avant...
La structure meurt, mais la loi reste
L’annonce de la suppression de cette police intervient comme un geste suite aux manifestations, qui prennent de l’ampleur et menacent de faire chuter le régime. En parallèle, les autorités ont annoncé vouloir réviser une loi de 1983 sur l’obligation de porter le voile, imposée quatre ans après la révolution islamique de 1979. Mais, malgré ces concessions, la justice iranienne pourrait bien poursuivre la surveillance des mœurs et des activités dans la société. Car la République islamique d’Iran ne change pas sa façon de faire : la répression des mouvements de contestation débutés il y a presque trois mois a causé la mort de plus de 300 personnes. D’ailleurs, le président actuel a demandé que soient mobiliséestouteslesinstitutions pourfaire appliquerlesrègles vestimentaires. La société iranienne actuelle a grandi avec la révolution islamique de 1979 et les guerres avec les pays voisins. Le pouvoir, contrôlé parle clergé musulman depuis quarante ans, a souvent été contesté, mais a toujours été soutenu par le peuple. De là à dire que la révolte actuelle des jeunes femmes ne va pas changer les – dures – lois et habitudes du régime, il n’y a qu’un pas.
Abu Jibril
Actuailes n°154 - 14 décembre 2022
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