Deux mobilisations d’ampleur en Chine et en Mongolie ont a!iré l’a!ention des médias occidentaux.
Leurs motivations sont différentes, mais elles ont un point commun : elles sont l’œuvre de la jeunesse de leur pays, qui se découvre une conscience politique.
En Chine, le « ras-le-bol » des restrictions sanitaires
Le 25 novembre, à Urumqi, capitale de la région ouïghoure du Xinjiang, province orientale de l’Empire du Milieu, dix personnes meurent tragiquement dans l’incendie de l’immeuble dans lequel elles étaient confinées depuis plus de trois mois. C’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Dans la semaine qui a suivi, des vagues de protestation se succèdent dans des villes comme Hong Kong, Pékin, Shanghai et Wuhan et dans plusieurs universités chinoises. Des milliers d’étudiants brandissent des feuilles ou des livres blancs, vierges, qui deviennent le symbole de leur protestation contre les restrictions sanitaires. Les premiers signes de lassitude étaient déjà perceptibles au printemps lors du reconfinement massif de Shanghai, ou plus récemment autour de Zhengzhou, « iPhone-city », où le fabricant Foxconn avait confiné ses travailleurs dans l’enceinte de l’usine chargée de fabriquer le nouveau téléphone de la marque à la Pomme. Impensables il y a encore quelquessemaines, ces mouvements de protestation ont obligé le président Xi Jinping et le pouvoir central à assouplir les règles contre le covid-19.
En Mongolie, le scandale de trop
De l’autre côté de la frontière, dans l’ancien empire de Gengis Khan, la colère de la population a la couleur du charbon. Sur les dix premiers mois de l’année, cette matière première représentait la moitié des revenus d’exportation du pays : il s’agit d’un secteurclé pour l’économie mongole. Problème : la quantité de charbon exportée de Mongolie ne correspondait pas à celle réceptionnée en Chine. D’après les médias locaux, c’est près de 13 milliards de dollars qui auraient été détournés par des responsables politiques. Un scandale inacceptable, quand un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté et quand, signe du coût de la vie, le pain s’achète désormais à la tranche et non plus au poids. Ces derniers jours, Oulan-Bator, la capitale, devient le siège de manifestations qui dégénèrent en émeutes. Et c’est la jeunesse mongole qui se mobilise et est rejointe par les générations plus âgées. Tous ces mouvements rappellentles manifestations de juin 1989 à Pékin. Elles sont restées dans les mémoires collectives avec cette image célèbre d’un étudiant seul face aux chars de l’armée sur la place Tian’anmen. C’était il y a trente-trois ans. L’événement est connu en Chine sous le nom de « mouvement du 4 juin » ; ou, pour contourner la censure, « mouvement du 35 mai ».
« La jeunesse n’est pas l’âge des plaisirs, mais celui des combats » (Albert Camus).
Emmanuel
Actuailes n°154 - 14 décembre 2022
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