Dans le premier acte, une jeune paysanne du nom de Myra a été choisie comme future épouse par le prince Théophane. Contrariée par ce choix, une autre prétendante nommée Cybèle trompe Myra et la fait partir au loin.
Deuxième acte : aimer à mourir
On avertit le prince que Myra était partie. Il la chercha désespérément dans tout le royaume, demandant à tous les gens sur son passage : « Avez-vous vu celle que j’aime ? » ; mais elle était bien sûr introuvable. De son côté, pour dissimuler son plan, Cybèle faisait courir le bruit que Myra était partie rejoindre un autre homme. Sûre de son coup, Cybèle vint voir le prince et lui dit : — Que son Altesse ne s’attriste point pour cette moins-que-rien. Ces gens-là sont ainsi. On ne peut pas leur faire confiance. — Assez ! s’écria Théophane. C’en est fini de vous, on vient de me dévoiler vos plans. Sachez qu’ils seront mis en échec. Le rang que vous occupez est une faveur du roi, qui fait grâce à qui il veut. Vous n’êtes rien par vous-même. Alors pourquoi vous enfler d’orgueil ? Puisque vous ne voulez pas pour les autres le bien qu’on a fait pour vous, alors vous subirez le mal que vous vouliez faire à une autre, c’est-à-dire le bannissement du royaume. En attendant, qu’on vous emmène au cachot ! ordonna-t-il. Quant à moi, je m’en vais délivrer ma belle. Qui m’aime me suive ! Après avoir rassemblé son armée, le prince revêtit son armure. Ensemble, ils embarquèrent à bord d’un bateau pour rejoindre l’autre continent. Une fois parvenu au-delà des mers, l’équipage s’enfonça à l’intérieur des terres, à la recherche de Myra. Grâce à l’aide de quelques habitants des lieux, ils parvinrent enfin à retrouver sa trace. Elle était prisonnière d’un certain Gramon, homme aussi affreux extérieurement qu’intérieurement. Il vivait loin de la société des hommes en compagnie de bêtes sauvages qui gardaient justement l’entrée de son château. La courageuse équipe réussit tout de même à pénétrer discrètement dans le château. Arrivé seul à l’endroit où était retenue Myra, le prince eut la surprise de découvrir que sa bien-aimée ne voulait pas être libérée. En effet, Gramon lui avait jeté un sort pour qu’elle ne veuille plus jamais partir. — Myra, dit Théophane, c’est moi. Ne me reconnais-tu pas? Partons loin d’ici !
Le combat final ?
Elle ne répondit pas, mais cria plutôt pour avertir son séquestreur. Et, au grand dam de Théophane, Gramon accourut pour lui barrer la route. Alors, entre les deux hommes s’engagea un combat à l’épée. Aidé parses bêtes, Gramon finit par prendre le dessus et blessa mortellement le prince ; celui-ci s’effondra par terre. Alertés par les bruits, les compagnons du prince ne purent qu’arrivertrop tard et constater la mort de l’héritier du trône. Ils réglèrent néanmoins le compte de Gramon, en le mettant définitivement hors d’état de nuire. Soudainement, Myra fut délivrée du mauvais sort jeté sur elle. Voyant Théophane couché dans son sang, elle se mit à fondre en larmes, répétant qu’elle était vraiment désolée d’avoir douté de lui et causé sa mort. Elle savait désormais à quel point il l’aimait. Prenant le corps inanimé entre ses bras et l’arrosant de ses larmes, elle lui donna un premier et dernier baiser. Contre toute attente, le corps de Théophane se mit à revivre. Ses yeux s’ouvrirent et lui permirent de revoir sa très chère. Et les larmes de tristesse se changèrent en larmes de joie. Tout heureux de ce revirement inespéré, ils rembarquèrent sur le bateau pour retourner dans leur royaume. À leur arrivée, presque tout le peuple les acclama, sauf les proches de Cybèle. Ceux-ci espéraient que ni Théophane ni Myra ne reviendraient. Mais le couple était bel et bien sain et sauf. Leurs fiançailles reportées purent enfin avoir lieu. Quelques mois plus tard, vint aussi le temps de leur mariage. Le roi y assista et leur donna sa bénédiction. Sachant que sa succession était assurée, il pouvait désormais partir en paix. En optant pour un amour que tous croyaient impossible, le prince Théophane a montré que l’amour est plus grand que tout.Il est suffisamment grand pour unir en lui ce qu’il y a de plus éloigné. Et, aussi vrai qu’il est un feu ardent, les grandes eaux de la mort ne pourront éteindre l’amour, et lesfleuves de la haine ne pourront le submerger.
Ce conte symbolise la manière dont le Fils de Dieu a aimé l’humanité. Il l’a aimée d’un amour qui semble déraisonnable aux yeux de beaucoup. Mais, après tout, l’amour divin a ses raisons que la raison humaine ignore.
Frère André-Marie
Actuailes n°154 - 14 décembre 2022
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