Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte Georges Seurat (1859-1891)

Après le Déjeuner sur l’herbe de Monet du dernier numéro d’Actuailes, je vous propose une nouvelle scène de plein air. Ce tableau s’appelle maintenant plus simplement L’Île de la Jatte, du nom de cette île de la Seine, située à proximité immédiate du quartier d’affaires de La Défense. Inutile de vous dire qu’on n’y passe plus ses dimanches.

Chacun vaque ici à ses occupations : promenade, sport, repos, voile même. Les classes sociales sont mélangées, les hauts-de-forme côtoient les casquettes.

Même si les détails sont peu visibles, on devine que les femmes ont revêtu de jolies robes. On est là pour profiter du beau temps et d’un moment de détente en famille ou entre amis. La perspective nous laisse deviner une longue promenade sur l’herbe, au bord du fleuve qui doit apporter un peu de fraîcheur.

La toile est grande. Le premier plan est dans l’ombre, le reste, au soleil. L’atmosphère est paisible, mais les personnages sont comme figés, quasiment aucun mouvement n’est perceptible.

On devine seulement une petite fille qui court. Même les rameurs semblent immobiles. Les profils sont privilégiés, néanmoins ; au centre du tableau, une femme, portant une ombrelle rouge, nous fait face accompagnée d’une enfant.

Chaque groupe de personnages est une petite scène à part entière, comme le couple du premier plan, arrêté, le regard dans le lointain, tenant son petit singe en laisse.

Le tableau est caractéristique de la technique du « pointillisme », par laquelle les couleurs sont constituées de taches juxtaposées. De loin, les taches doivent se fondre. Cette technique picturale s’appuie sur les recherches scientifiques en optique. Elle est utilisée ici quasiment comme un principe, celui de ne pas mêler les couleurs : même le cadre est peint en pointillé. Ce principe tient une grande place dans l’oeuvre, présentée à la huitième exposition impressionniste.

Sophie Roubertie

Actuailes n° 116 - 20 mai 2020