Grève des médecins

Beaucoup de médecins généralistes ont entamé le 26 décembre un mouvement de grève. C’est une situation assez inédite. Quelles en sont les causes ?

Les médecins généralistes travaillent beaucoup, souvent 12 h par jour. Ils enchaînent les consultations toutes les 15 minutes, avec parfois le sentiment de mal faire leur travail, et donc de risquer une erreur de diagnostic.

Or ils ont du mal à se faire aider, car ils ne sont pas assez nombreux pourfaire face à la charge de travail. De plus, certains jeunes médecins ont décidé de moins travailler pour consacrer plus de temps à leur famille. Les médecins doivent également consacrer beaucoup d’énergie à l’administratif, de l’ordre de 20 % de leur temps de travail. Malheureusement, ils n’ont souvent pas les moyens financiers d’embaucher une secrétaire pour les décharger de ces tâches. Enfin, ils regrettent que certains actes médicaux puissent être délégués à des infirmiers, car leurs dix ans d’études leur permettent d’avoir une analyse plus fine des pathologies d’un patient.

Leurs revendications

La principale revendication des médecins en grève est le doublement du prix de la consultation, avec un passage de 25 à 50 € (la moyenne européenne est de 46 €). Cette revalorisation permettrait selon eux de pouvoir embaucher du personnel administratif pour les aider. De plus, cela permettrait de créer une meilleure attractivité pour la médecine générale. Le problème est en effet urgent. Seuls 10 % des médecins s’installent après leur dernière année d’études, et 40 % ne feront jamais de médecine générale. Une ville comme Toulouse a perdu 25 % de ses généralistes en cinq ans. On considère que 75 % de nos territoires sont des déserts médicaux, où il faut faire beaucoup de route ou attendre longtemps avant de pouvoir consulter un médecin. Il est également de plus en plus difficile quand on déménage de trouver un médecin qui vous accepte, beaucoup ne prenant plus de nouveaux patients. Et la situation ne devrait pas s’améliorer puisqu’un tiers des médecins généralistes sont au seuil de la retraite.

Un système de santé dégradé

Ce cri d’alarme des médecins généralistes s’inscrit dans un problème plus global. Notre système de santé est malade depuis de nombreuses années, comme l’a confirmé la crise de la covid-19. À l’hôpital, il existe une pénurie de médecins et d’infirmières. Certains services d’urgence doivent désormais fermer la nuit faute de personnel. Les biologistes sont également en colère, comme les ambulanciers. Il est parfois très long d’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, même pour une maladie grave. Cette situation est préoccupante à court terme, car la France fait face à trois épidémies simultanées : grippe, covid et bronchiolite. Elle l’est également à long terme, car, jusqu’à une période récente, notre pays possédait l’un des meilleurs services de santé au monde. Cela se traduit par une espérance de vie de 79,3 années pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes.

Il faut donc espérer que le gouvernement trouvera les bonnes réponses pour reconstruire un système de santé performant, pour le plus grand bonheur des Français. 

Julien Magne

Actuailes n°155 - 11 janvier 2023