L’Épiphanie, fêtée il y a quelques jours, nous donne l’occasion de relire la petite histoire des mages…
« Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l’enfant avec Marie, et, se prosternant, ils l’adorèrent ; puis ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. »
Dans cet extrait de l’évangile, on ne sait en réalité que peu de choses sur ceux qu’on appelle aujourd’hui les mages. Le texte ne mentionne ni le nombre, ni le nom de ces hommes venus adorer l’Enfant Jésus peu après sa naissance.
Ils ont d’abord été présentés comme des astronomes qui, en observant les étoiles, en avaient repéré une, différente des autres. Ils l’avaient suivie car ils la considéraient comme le présage et le signe de la naissance du roi des juifs.
Ce n’est qu’au IIIe siècle après J.-C. qu’ils seront désignés comme « rois » au regard des précieux cadeaux qu’ils avaient apportés. Un peu plus tard encore, il sera dit qu’ils étaient trois ! Il faudra ensuite attendre le VIIIe siècle pour que la tradition chrétienne leur donne les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar. D’abord arabes ou persans, les rois mages deviennent ensuite représentants des trois continents alors connus : l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Quelle est l’histoire de Balthazar, le roi mage africain ?
En observant l’art européen dans lequel les rois mages furent maintes fois représentés (peintures, sculptures…), on constate que le roi mage africain n’a pas toujours été de couleur noire. Pendant plus de mille ans, Balthazar est… « blanc » et ce malgré la description explicite qui avait été faite de lui au VIIIe siècle : « Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s’appelait Balthazar. » Le changement physique de sa représentation est le fruit d’une lente évolution.
Au Moyen Âge, le culte des rois mages devient très populaire. Balthazar est alors montré avec des traits et une chevelure qui le rattachent à l’Afrique, mais il est encore traditionnellement peint comme un Occidental.
Il continue de changer d’allure au fil du temps, et ce n’est qu’à la Renaissance qu’il apparaît clairement en jeune Africain à la peau noire. Balthazar prend alors également un sacré coup de jeune. De vieux barbu, il passe à un physique d’adolescent. Beau, richement costumé et parfois paré d’une boucle d’oreille, le jeune homme s’impose chez de nombreux artistes.
Au XVIIIe siècle, Balthazar reste un modèle noir privilégié mais il n’est plus le seul à être représenté par les peintres, qui peignent à présent de plus en plus de personnages à la peau noire, ce qui n’était pas chose aisée pour eux. En effet, le thème de l’adoration des mages était l’occasion pour de nombreux peintres de représenter l’Africain en position de majesté et non d’humiliation ou de rabaissement.
Dans les siècles suivants, Balthazar prend la posture d’un personnage noble et élégant et devient ce mage que l’on connaît aujourd’hui, imposant, majestueux et royal !
Le savais-tu ?
Les historiens de l’art ont remarqué que Balthazar était représenté par les peintres comme le mage le plus éloigné de l’Enfant Jésus. Par sa posture et son positionnement, il joue le rôle de « repoussoir », procédé bien connu des peintres permettant de relier la scène religieuse au monde réel en donnant à la composition un effet de profondeur.
Euphémie de Beauregard
Actuailes n°155 - 11 janvier 2023
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