Le pape émérite Benoît XVI a été enterré dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre jeudi 5 janvier 2023, après une messe de funérailles célébrée place Saint-Pierre par le pape François.
Peu de temps après Noël, la presse s’était agitée autour du pape émérite Benoît XVI, habituellement si discret. On avait transmis le bulletin de santé publié par le Saint-Siège, comme un avertissement. Le pape François demandait de prier pour Benoît XVI, très malade. Puis, le 31 décembre 2022, dans la matinée, la nouvelle fut connue : Benoît XVI est mort. Pour les catholiques du monde entier, c’est une immense peine, car ils perdent un père aimé et admiré : aimé pour sa bonté qui frappait tous ceux qui le rencontraient, admiré pour sa puissance intellectuelle qu’il a mise au service de l’évangile et de l’harmonie entre la foi et la raison.
Testament spirituel
Ces deux aspects sont présents dans son « testament spirituel », qu’il avait rédigé le 29 août 2006, au début de son pontificat. On y trouve un homme de cœur, très attaché à sa famille et à sa patrie, la Bavière : « Et je veux remercier le Seigneur pour ma belle patrie dans les Préalpes bavaroises, dans laquelle j’ai toujours vu briller la splendeur du Créateur lui même. Je remercie les gens de ma patrie, car c’est en eux que j’ai expérimenté, encore et encore, la beauté de la foi. Je prie pour que notre terre reste une terre de foi et je vous en prie, chers compatriotes : ne vous laissez pas détourner de la foi. » Dans son testament spirituel, on voit aussi un homme qui a passé sa vie dans la recherche intellectuelle, spécialement la théologie et l’exégèse1 , et qui est capable de faire la synthèse des recherches de son siècle. Témoin de toutes les tentatives visant à ruiner la foi au Christ Seigneur, il conclut d’une phrase : « J’ai vu et je vois comment, à partir de l’enchevêtrement des hypothèses, le caractère raisonnable de la foi a émergé et émerge encore. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps. »
Parfum de gratitude, onguent de l’espérance
Lors de la messe de funérailles, le pape François a décrit l’Église, le peuple fidèle, entourant son Pasteur et recommandant son âme à Dieu : « Comme les femmes de l’évangile au sépulcre, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui démontrer, encore une fois, l’amour qui ne se perd pas. Nous voulons le faire avec la même onction, sagesse, délicatesse et dévouement qu’il a su prodiguer au cours des années. Nous voulons dire ensemble : “Père, entre tes mains nous remettons son esprit”. Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours ! »
De la chaire universitaire à la Chaire de saint Pierre
Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927 à Marktl dans le sud de l’Allemagne. Il reçut le baptême quelques heures après sa naissance, un Samedi Saint. Il considérera comme une « bénédiction » le fait d’avoir été « plongé dans le mystère pascal dès le début » de sa vie.
Durant sa jeunesse, il aura à faire face au régime nazi arrivé au pouvoir en Allemagne en 1933. Mais, grâce à l’éducation catholique reçue de ses parents, la propagande hitlérienne n’aura pas de prise sur lui.
Entré au petit séminaire à l’âge de 12 ans, il est ordonné prêtre en 1951, alors qu’il a 24 ans. Après de brillantes études, il reçoit le titre de docteur en théologie, avec lequel il enseignera dans les universités de Munich, de Münster, puis de Tübingen. Il participa aussi au concile Vatican II en tant qu’expert théologien au service du cardinal-archevêque de Cologne, Joseph Frings. Joseph Ratzinger dut arrêter l’enseignement quand il fut nommé archevêque de Munich, le 24 mars 1977, par le pape Paul VI. Le 27 juin de la même année, il est créé cardinal.
Puis, après seulement quatre ans à la tête du diocèse de Munich et Freising, il est appelé à Rome, le 25 novembre 1981, par Jean-Paul II, afin de devenir préfet de la prestigieuse Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Poste qu’il ne quittera qu’au moment de son accession à la Chaire de saint Pierre, le 19 avril 2005. Il prit alors comme nom de règne Benoît XVI et comme devise : « Nous devons servir de cette manière, et être coopérateurs de la vérité » (3 Jean 8). Fort belle devise, qui nous rappelle que la Vérité est avant tout une personne, Jésus-Christ, que nous sommes tous appelés à servir.
Ne se sentant justement plus la force de servir l’Église comme pape, Benoît XVI avait renoncé à sa charge le 11 février 2013. Depuis, il vivait dans le silence et la prière au monastère Mater Ecclesiæ au Vatican.
Benoît XVI laisse un héritage considérable derrière lui. Son œuvre intellectuelle est impressionnante. Elle touche à de nombreux domaines, de la théologie de l’Église à la théologie biblique, en passant par la liturgie et la politique. De la chaire universitaire à la Chaire de saint Pierre, le titre qui le définit le mieux est vraiment celui de docteur en théologie.
Après avoir illuminé le monde le temps d’un long service pour le Christ et l’Église, Benoît XVI s’est éteint le 31 décembre 2022. Prions pour qu’il puisse trouver le repos auprès de Celui pour qui il a tant œuvré.
Père Augustin-Marie & Frère André-Marie
Actuailes n°155 - 11 janvier 2023
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