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Le retour de l’uniforme à l’école?

Le retour de l’uniforme à l’école?

24-01-2023 à 14:37:24

Une récente proposition de loi – repoussée – présentée par le Rassemblement National demandait le port obligatoire d’un uniforme aux couleurs de l’établissement.

Alors que l’épouse du président de la République s’y est déclarée favorable, cette idée a suscité un vif débat. L’uniforme n’a jamais été interdit, chaque école est libre de l’imposer ou non à ses élèves.

C’est le cas dans les départements d’outre mer, où il est très répandu. Un tiers des écoles de Martinique l’imposent par exemple, y compris dans le public. Il est également obligatoire dans les six lycées militaires, comme Autun ou Aix-en-Provence, et dans les maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Certains lycées professionnels l’ont adopté, en particulier dans les filières de l’hôtellerie-restauration. Dans le privé, il est surtout répandu dans les écoles hors contrat ou dans certains établissements prestigieux sous contrat.

Enfin, de nombreuses écoles primaires continuent à porter la blouse, et certains lycées et collèges interdisent dans leur règlement intérieur les baskets, les débardeurs et les jupes trop courtes pour les filles, ou encore imposent aux garçons le port d’une chemise. En revanche, largement répandu avant 1968, le port d’un uniforme n’a jamais été obligatoire à l’école.

Le débat

Certes, le port de la blouse n’est plus aujourd’hui motivé par les taches provoquées par l’encre, le stylo à bille ayant largement remplacé celui à plume. Mais, pour ses partisans, le port de l’uniforme a de nombreux avantages.

Tout d’abord, il évite les tenues indécentes ou provocatrices. De plus, il met chaque élève sur un pied d’égalité et évite la surenchère des marques. Il concentre les élèves sur leur travail et renforce la discipline et la rigueur.Il conforte égalementle sentiment d’appartenance à son école. Enfin, il permet une plus grande sécurité au sein des grands établissements en assurant un meilleur contrôle des accès.

Le Rassemblement National souhaitait également aider les professeurs en prise avec des tenues islamistes, de plus en plus nombreuses. À l’inverse, ses opposants expliquent que l’uniforme est démodé et est un héritage du passé. Mais, surtout, il imposerait aux élèves une restriction grave à leur liberté.

Et dans les autres pays ?

Le port d’un uniforme est surtout répandu dans les pays anglosaxons comme les États-Unis ou l’Irlande. Ce n’est pas étonnant car son origine est anglaise. Il y est apparu au XVIe siècle au sein des écoles de charité pour les enfants pauvres. Aujourd’hui, 98 % des élèves du secondaire le portent.

C’est également le cas au Japon, au Cambodge, en Corée du Sud, en Turquie, ou encore en Australie où un chapeau peut faire son apparition. Plus proche de nous, la principauté de Monaco a instauré en 2019 l’uniforme obligatoire du CP au CM2. Il s’agit d’un polo blanc et d’un gilet bleu marine avec le logo de l’établissement.

Autrefois très répandu en France, et encore largement porté à travers le monde, l’uniforme vat-il revenir en force en France ? C’est une hypothèse sérieuse, tant il pourrait remédier à certaines dérives observées dans nos écoles. Et ce ne sont pas les écoles qui l’ont adopté qui le contrediront.

Quelques écoles qui portent l’uniforme

Les lycées militaires

Il existe six lycées militaires : Aix-en-Provence, Autun, Prytanée national militaire de La Flèche, Saint-Cyr-l’École, Lycée naval à Brest et l’École des pupilles de l’Air à Grenoble. La scolarité va du collège aux classes préparatoires aux grandes écoles. La plupart des élèves sont internes, avec possibilité de rester le week-end. Ces écoles sont réservées aux enfants de nationalité française. Le collège et le lycée accordent une priorité aux familles de militaires avec 70 % des places. L’uniforme est généralement un pantalon bleu marine avec une chemise bleu ciel. Il existe également une tenue de sortie avec pantalon ou jupe de flanelle, blazer et cravate. Enfin, les élèves des classes préparatoires portent un calot sur leur tête.

Maisons d’éducation de la Légion d’honneur

Ces écoles publiques d’excellence sont réservées aux filles, petites-filles et arrière-petitesfilles de décorés français et étrangers de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire ou de l’ordre national du Mérite. Au nombre de deux (Saint Germain-en Laye-pour le collège, et Saint-Denis pour le lycée), elles accueillent mille jeunes filles exclusivement en internat, de la sixième aux classes préparatoires. Ces maisons ont été créées par Napoléon Ier en 1805. Les filles y portent un uniforme obligatoire : robe chasuble bleu marine sur chemisier blanc, agrémentée d’une ceinture de couleur portée en bandoulière, qui indique la classe. On y pratique encore la révérence, qui consiste à reculer d’un pas avec le pied droit en inclinant légèrement le corps en arrière.

Saint-Dominique au Pecq Fondé par des parents en 1992, le groupe scolaire Saint-Dominique du Pecq est la plus importante école hors contrat de France. Elle compte 33 classes et plus de 800 élèves. Les classes de maternelle et primairessont mixtes, alors que collège et lycée ne le sont pas. Au primaire, les enfants portent une blouse bleu ciel. Au collège et au lycée, l’uniforme est composé d’un pantalon ou d’une jupe bleu marine, d’un polo blanc, d’un pull bleu ciel et de chaussures de ville.

Les écoles Espérance banlieues

Fortes de 17 établissement, regroupant plus de 1 000 élèves, les écoles Espérance banlieues ont été créées en 2012 pour les enfants de milieu populaire, souvent confrontés à l’échec scolaire.

Ce sont des écoles hors contrat qui sont financées par de grandes entreprises. On y monte les couleurs et la rigueur est de mise. Les uniformes y sont remis de manière solennelle par le directeur à chaque élève. Il s’agit d’un pull ou sweat pour chaque école, et d’un chemisier ou d’une chemise blanche.

Julien Magne

Actuailes n°156 - 25 janvier 2023


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