facebook logo Twitter logo

facebook logo Twitter logo

Logo Header
Télécharger dernier numéro
Une première chirurgicale en France

Une première chirurgicale en France

24-01-2023 à 14:59:20

Il y a quelques semaines, l’équipe chirurgicale du Dr Seguin-Givelet, chef de service de chirurgie thoracique à l’Institut mutualiste Montsouris à Paris, a réalisé une opération jamais faite en France, une première !

Je suis allée à sa rencontre pour vous afin qu’elle vous explique cet exploit.

A.-S. B. : Pouvez-vous nous présenter votre métier de chirurgien thoracique ? Quel genre de maladie soigne zvous et avec quelle technique ?

Dr S.-G. : Le métier de chirurgien thoracique consiste à opérer des patients atteints d’une maladie des poumons, de la trachée ou de la plèvre (la membrane qui entoure les poumons). En majorité, nous soignons des malades avec des cancers et nous essayons de les opérers ans ouvrir le thorax, à l’aide d’une caméra et d’instruments de petite taille qui passent par des orifices entre les côtes: nous appelons cette technique la thoracoscopie.

A.-S. B. : Afin de bien comprendre ce que vous avez fait récemment, pouvez-vous nous expliquer la différence entre une opération avec une thoracotomie, une opération en vidéo et une opération par voie endobronchique ?

Dr S.-G. : Une opération par thoracotomie consiste à pratiquer une incision (une ouverture) entre deux côtes et à positionner un écarteur qui permet d’ouvrir le thorax : le chirurgien peut travailler en rentrant ses mains à l’intérieur de la cavité thoracique. On garde une cicatrice de 10 cm.

Une opération par vidéo consiste à faire passer les instruments par des petits trous entre les côtes pour entrer une caméra qui permettra aux chirurgiens de suivre l’intervention sur un écran. On garde 3 petites cicatrices de moins de 2 cm.

L’intervention par voie endobronchique consiste à réaliser un geste chirurgical en passant par l’intérieur des bronches : il n’y aura aucune cicatrice !

A.-S. B. : Vous avez réalisé une première française le 6 décembre dernier. Quel était le principe de cette intervention et qu’est-ce qui était nouveau par rapport à ce que vous aviez fait avant ?

Dr S.-G. : Pourl a première chirurgicale que nous avons réalisée le 6 décembre, nous avonstraité une métastase pulmonaire1 d’une façon originale et avec une nouvelle voie d’abord. Nous avons brûlé cette métastase pulmonaire par de l’énergie micro-onde : on appelle cela une thermo-ablation micro-onde. La nouveauté, c’était de progresser vers la métastase en passant par les bronches du patient pour naviguer jusqu’à la tumeur ; c’est l’intervention endobronchique. Auparavant, cette intervention était réalisée en passant à travers l’épaisseur de la paroi thoracique (percutanée), ce qui pouvait entraîner des complications particulières. Ce qui a permis de faire du micro-onde par les bronches est le développement d’une nouvelle sonde d’endoscopie fine et flexible. Notre travail dépend aussi de la qualité de notre matériel !

A.-S. B. : A-t-on le droit de décider comment on opère un patient et d’utiliser n’importe quelle technique quand on est chirurgien ?

Dr S.-G. : Nous devons pratiquer la technique la moins invasive (la moins traumatisante, la moins dangereuse) pour le patient. Il existe des recommandations internationales qui encouragent le choix d’une technique plus qu’une autre en fonction de la maladie et de son étendue.

A.-S. B. : Faut-il demander une autorisation pour pouvoir opérer avec une nouvelle technique, et à qui ?

Dr S.-G. : Normalement, il faut obtenir l’avis favorable d’un comité éthique indépendant. Le patient est lui aussi informé et donne son consentement. Pour cette première chirurgicale, nous n’avons pas eu d’autorisation à demander, car la technique de thermoablation micro-onde par voie endobronchique était déjà validée et avait été réalisée en Chine et en Angleterre.

A.-S. B. : Comment fait-on pour apprendre à opérer avec une technique qui n’a jamais été encore utilisée ? Comment peut-on s’entraîner ?

Dr S.-G. : Avant d’opérer, nous sommes allés voir les mêmes procédures en Angleterre et nous avons appris auprès du chirurgien qui connaissait bien la technique. Il était par ailleurs présent pour les premières procédures.

A.-S. B. : A-t-on le droit d’essayer avec une autorisation n’importe quelle nouvelle technique ou faut-il qu’elle soit forcément meilleure que les précédentes ?

Dr S.-G. : Nous ne pouvons pas essayer n’importe quelle technique pendant une opération. Il faut qu’elle ait montré sa supériorité et que l’équipe chirurgicale ait été formée à son utilisation.

A.-S. B. : Est-ce que vous avez eu peur d’essayer cette nouvelle technique ?

Dr S.-G. : Non, je n’ai pas eu peur d’essayer cette nouvelle technique, j’étais plutôt très concentrée ! J’étais accompagnée du Docteur Kelvin Lau, chirurgien thoracique du Saint-Bart’s Hospital de Londres, qui connaissait parfaitement la technique, et de l’équipe médicale de la société Medtronic, qui avait mis au point la sonde de navigation.

A.-S. B. : Est-ce que le résultat a été à la hauteur de ce que vous espériez ? Pensez-vous que cette technique va se développer par la suite ?

Dr S.-G. : Oui, le résultat a été à la hauteur de nos espérances. Nous avons déjà réalisé trois autres opérations depuis cette première chirurgicale. Nous pensons qu’elle va se diffuser, car elle permet de diminuer les complications.

A.-S. B. : Comment peut-on être sûr qu’une opération n’a pas déjà été réalisée dans le monde ou dans un pays par quelqu’un d’autre et qu’on est bien le premier à l’avoir faite ?

Dr S.-G. : Il n’existe aucun moyen particulier de savoir si une technique identique n’aurait pas déjà été réalisée ailleurs. Il y a cependant un moyen de se faire connaître, c’est de publier dans les journaux scientifiques de sa communauté. Pour notre patient, la technologie utilisée (la petite sonde micro-onde de la société Medtronic) n’a pas encore été distribuée dans d’autres centres européens, ce qui nous assure que nous étions bien le premier centre en Europe, en dehors de l’Angleterre, à le réaliser

A.-S. B. : Est ce qu’après une intervention comme celle-ci, vous expliquez aux autres chirurgiens ce que vous avez fait et, si oui, comment ?

Dr S.-G. : Oui, bien sûr,nous expliquons la technique aux autres chirurgiens grâce à des congrès ou des articles. Ils peuvent venir dans notre bloc, comme nous en Angleterre.

A.-S. B. : Merci et bravo, Dr Seguin-Givelet !

Dr Biclet

Actuailes n°156 - 25 janvier 2023


5 votes


Imprimer