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Difficultés monétaires en Égypte

Difficultés monétaires en Égypte

24-01-2023 à 15:25:50

Depuis le 3 janvier, la « livre égyptienne » (LE), monnaie locale en Égypte, a perdu plus d’un quart de sa valeur face au dollar américain.

En un an, elle a été divisée par deux. Cette décision de l’État égyptien a déjà des conséquences lourdes sur le niveau de vie de la population. Alors pourquoi a-t-il fait cela ?

Obtenir moins avec plus

Depuis la guerre en Ukraine, l’Égypte n’a plus assez de dollars dans ses caisses, notamment à cause de la baisse du tourisme. Or elle a besoin de réserves en dollars pour acheter des marchandises, par exemple le blé, puisque c’est la monnaie des échanges internationaux. Pour gagner des dollars, elle doit vendre ses produits, par exemple le coton, à des taux de change plus bas : un Américain qui déboursait 1 dollar américain ($) pour acheter l’équivalent de 25 LE de coton, en mars 2022, ne doit plus débourser aujourd’hui que 0,5 $. Mais, dans le même temps, un Égyptien doit débourser 30 LE pour acheter pour 1 $ de blé, alors qu’il y a un an, il devait débourser 15 LE. Pour lui, les prix des biensimportés montent. Dans cette logique, les pénuries naissent et les Égyptiens doiventse contenter de moins tout en déboursant plus.

Les risques de déstabilisation d’un quart du monde arabe

Par conséquent, la consommation des Égyptiens, qui ont moins de pouvoir d’achat, diminue. Et, dans une sorte de spirale, les commerçants et industriels montent leurs prix. Les rationnements dans les supermarchés, l’absence de certains produits (le riz) et la fermeture forcée de certains magasins pèsentsurle moral. À la fin, le mécontentement d’un peuple de plus de 100 millions d’habitants,soit un quart du monde arabe, peut déstabiliser le régime. Ce dernier, essentiellement tenu par les militaires, contient tant bien que mal la situation. D’une part, il continue de subventionner des biens de première nécessité (le pain, l’essence, le lait, etc.), pour ne pas affamer la population. Mais d’autre part, il doit satisfaire les exigences de ses prêteurs (les pays du Golfe, le Fonds Monétaire International, la Chine…) qui souhaitent par exemple la privatisation de certains secteurs, notamment une partie du Canal de Suez. Une situation d’équilibre à haut risque pour le pouvoir qui doit donc faire le grand écart entre l’intérieur et l’international. Mais on dit que les pharaons étaient de bons gymnastes…

Abu Jibril

Actuailes n°156 - 25 janvier 2023


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