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Menace sur nos vitraux ?

Menace sur nos vitraux ?

08-02-2023 à 09:23:01

La France abrite la plus grande surface de vitraux au monde, et 60 % du patrimoine du vitrail européen. L’art religieux y tient une place principale avec de véritables joyaux, par exemple dans nos cathédrales ou à la Sainte Chapelle à Paris. D’autres sont plus modestes, comme dans les églises de campagne où ils mettent en valeur des saints locaux ou des scènes historiques du lieu. Mais on trouve également des vitraux dans de belles maisons ou dans les grands magasins.

Par nature fragiles et soumis aux aléas du temps ou des hommes, les vitraux ont régulièrement besoin d’être restaurés. Plus de 450 ateliers s’y attellent en France.

Les artisans ont recours au plomb pour les baguettes des vitraux, car il a des propriétés extraordinaires, à la fois très solide et très flexible. Il peut tenir des années, voire des siècles sans se détériorer. Il est donc incontournable pour la restauration de vitraux.

Malheureusement, l’Union européenne pourrait interdire le plomb à l’horizon de 2030, le considérant comme une substance dangereuse. En effet, il provoque le saturnisme, une maladie qui tue chaque année un million de personnes dans le monde.

En fait, ce sont les producteurs de batteries de voitures – qui consomment les 3/4 du plomb mondial – qui sont visés par cette mesure. Les vitraillistes et les facteurs d’orgues sont des victimes indirectes de cette interdiction, d’autant qu’ils portent des protections spécifiques et sont soumis à une prise de sang annuelle pour vérifier leur taux de plomb.

Moins solide, moins jolie et pas étanche, la solution de passer à l’étain coûte de surcroît trois fois plus cher. C’est impossible pour des clients qui déboursent déjà entre 1 000 et 4 500 € par m2 de vitrail.

Espérons que cette incohérence administrative ne verra pas le jour, car c’est tout le patrimoine français qui aurait à en souffrir.

Julien Magne

Actuailes n°157 - 8 février 2023


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