«Sponge City»: la réponse chinoise au défi de l’urbanisme et du changement climatique

Shenzhen est la vitrine des premières « villes-éponges ».

Ce programme d’aménagement du territoire en Chine vise à prévenir les inondations et améliorer l’approvisionnement en eau des zones urbaines.

Les causes du problème

Primo : le climat. Face à Hong Kong, Shenzhen est une ville côtière tropicale au climat de mousson, avec un niveau de sécheresse proche de celui d’un désert en hiver et qui connaît des pluies torrentielles chaque été. C’est l’une des dix villes du monde les plus exposées aux inondations, selon la revue Nature.

Secundo : l’urbanisme. Shenzhen est « la Silicon Valley chinoise », « la ville instantanée » qui vit la croissance la plus rapide dans le monde. Zone rurale en 1970, elle compte aujourd’hui plus de treize millions d’âmes. Elle absorbe chaque année plus de 250 000 nouveaux habitants, soit l’équivalent de la ville de Bordeaux. Problème : goudron et béton ont remplacé les espaces naturels, et l’eau qui ruisselle ne s’infiltre plus dans la terre. Et, comme les zones de rétention ont disparu, l’eau manque aussi cruellement en saison sèche.

La solution : le principe de l’éponge

Comme souvent, la nature a la solution à nos problèmes, pourvu qu’on sache l’observer et en reproduire les principes. Comme une éponge a de nombreux trous qui absorbent l'eau, une ville éponge doit avoir de nombreux lacs et bassins de rétention qui recueillent l'eau. Comme l'eau qui emprunte un chemin sinueux à travers une éponge, les villes-éponges évitent que l'eau ne se déplace en ligne droite. Au lieu de cela, elles ralentissent les flux en le détournant vers des rivières sinueuses et en entourant les plans d'eau d'une végétation de zone humide. Enfin, les villes-éponges évitent de construire de grands bâtiments le long des fronts de mer et transforment les côtes en puits naturels où l'eau peut s'écouler vers l'océan. Trois principes simples d’ingénierie hydraulique, qui consistent à capter l'eau à sa source, à la ralentir et à la nettoyer pour la rendre utilisable, quelle que soit la saison.

Le résultat : des villes plus agréables à vivre

Grâce au programme « Ville-éponge“, Shenzhen dispose désormais d'un réseau de voies vertes à haute densité, d'une longueur totale de plus de 2 300 mètres, comprenant des couloirs de transport verts, des forêts et des parcs dont la largeur varie de moins de 3 m à plus de 100 m. 40 hectares de zones écologiques ont été réaménagées, en plantant des mangroves et d'autres végétaux de zones humides le long de ses 260 km de côtes.

Trente villes chinoises font partie du programme. Objectif affiché : 80 % de leur surface transformée en « éponge urbaine » à horizon 2030.

Le savais-tu ?

Le palétuvier est le seul arbre qui peut survivre dans l’eau salée. On le retrouve dans les nombreux bras de mer et autres embouchures « en delta » des fleuves

Emmanuel

Actuailes n°157 - 8 février 2023