Le 5 février 2023, les Chypriotes sont invités aux urnes pour élire leur président de la république.
Depuis que l’île de Chypre a été partagée en deux en 1974, deux autorités cohabitent et le président élu ne dirige que la partie sud.
Située tout au fond de la Méditerranée, Chypre est une petite île, à peine plus grande que l’Alsace, coincée entre la Turquie et la Syrie. Elle constitue le point le plus oriental de l’Europe d’où elle a été un observateur privilégié de son histoire : gloire et chute de la Grèce antique, évangélisation de saint Paul, guerres entre croisés et Arabes ou Ottomans. Finalement, les Anglais ont été ses derniers occupants et lui ont rendu son indépendance en 1960.
L’évolution de Chypre
Sa population est constituée de deux communautés : l’une grecque, majoritaire, et l’autre, turque. En effet, le droit du sol n’existe pas sur l’île et seule l’appartenance à ces communautés confère la citoyenneté. C’est ce qu’on appelle le droit du sang. En 1974, devant le blocage répété des institutions du pays, et craignant un rattachement de l’île à la Grèce, la Turquie envahit la partie nord qui se déclare alors république turque de Chypre du Nord en 1983.
Depuis lors, la situation n’a pas évolué, même si Chypre, c’est-à-dire la partie sud, a rejoint l’Union européenne et siège au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU). Les élections prévues ces jours-ci ne concernent donc que la partie sud de l’île, la seule qui soit reconnue par les autres pays.
Des élections sans enjeu
Ce vote se déroule sous la forme d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Cela signifie que les électeurs votent pour un candidat qui est élu au premier tour s’il recueille plus de 50 % des voix. Si aucun candidat n’atteint ce seuil, un second tour, prévu le 12 février, est organisé entre les deux candidats arrivés en tête.
Néanmoins, ces élections ne revêtent pas de véritable enjeu. En effet, la communauté internationale s’est détournée de la question de la partition et personne ne semble vouloir œuvrer pour une réunification de l’île. Pire, étant donné la place grandissante que prend la Turquie sur la scène internationale, il n’est pas certain qu’un nouveau projet ait pour objectif de préserver les intérêts de la communauté grecque, chrétienne. En 2008, un plan proposé par l’ONU avait ainsi été rejeté par les Chypriotes du sud, parce qu’il prévoyait d’augmenter considérablement la présence turque sur l’île.
Seul le sujet économique pourrait intéresser les électeurs à cause de l’inflation et de la crise en gestation. Pourtant, le voisin turc se fait de plus en plus envahissant et, comme il le fait avec la Grèce en mer Égée, il cherche à prendre possession des richesses gazières du sous-sol marin chypriote. Cela occasionne quelques démonstrations de force par la marine de guerre turque. Et malheureusement, alors que le gaz est plus que jamais un critère d’indépendance, ni la France ni l’Europe ne cherchent à protéger les ressources de leur allié chypriote.
Alexis Mennesson
Actuailes n°157 - 8 février 2023
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