Depuis le terrible tremblement de terre survenu en Turquie et affectant la Syrie, les deux pays souffrent profondément et en appellent à l’aide internationale.
Si le monde soutient presque volontiers Istanbul, il en est autrement de Damas. Mais le président Assad revient à certains égards en odeur de sainteté.
L’élan arabe pour le pays frère
Oubliée du monde occidental après des années de guerre, la Syrie d’Assad a ressurgi brutalement après les premières communications au sujet du séisme qui a principalement touché la Turquie. Immédiatement, des pays arabes ont décidé d’envoyer de l’aide (médicaments, fret, secouristes, etc.) pour soutenir la population syrienne déjà gravement marquée par des décennies de guerres.
Sur les 200 avions d’aide humanitaire atterris en Syrie, la moitié venait des Émirats arabes unis, qui avaient rouvert une ambassade à Damas en 2018. L’Arabie saoudite, l’Égypte, le Bahreïn et la Jordanie ont également contribué à ces convois. Le président Bachar al Assad a remercié les pays frères dont certains ont d’ailleurs rouvert une porte fermée depuis dix ans et aujourd’hui entrebâillée.
Car, en effet, l’attitude du pouvoir syrien depuis des décennies avec l’ère des « lions » Assad (Hafez, père, et Bachar, fils), puisque c’est la signification de ce terme arabe, avait créé de vives tensions puis l’isolement de la Syrie d’une grande partie de la communauté internationale.
Y a-t-il prescription ?
Les pays arabes ne sont pas les seuls à avoir aidé la population syrienne. L’Europe et la Croix-Rouge norvégienne, par exemple, ont envoyé leur aide matérielle et financière à Damas. Chose peu commune au regard de la politique de sanction appliquée par la communauté internationale sur le régime damascène, dont les positions dans les différentes guerres et à l’encontre de sa propre population sont vivement critiquées, et donc condamnées.
Mais, sans biens de première nécessité, et avec des difficultés terribles d’approvisionnement en énergie, la population syrienne est la première victime. Alors, si les sanctions sont toujours en vigueur, malgré des appels du pied de certains pays et d’organisations non gouvernementales, certains dérogent à la règle des sanctions, préférant appliquer l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, « dans un esprit de fraternité ».
Ici, puisque la prescription n’est pas légale, nécessité humanitaire fait loi. Sans ignorer les crimes commis par Bachar al Assad à l’encontre de son propre peuple, la décorrélation entre un peuple et son président élu est parfois nécessaire. Mais le président pourrait en profiter pour tenter de revenir sur la scène internationale et renouer des liens défaits.
Abu Jibril
Actuailes n°158 - 1er mars 2023
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