facebook logo Twitter logo

facebook logo Twitter logo

Logo Header
Télécharger dernier numéro
Des vaches sauvages qui dérangent

Des vaches sauvages qui dérangent

28-02-2023 à 15:11:00

Les autorités américaines ont indiqué qu’elles allaient, depuis un hélicoptère, procéder à l’abattage de 150 vaches sauvages considérées comme agressives. Ce qui semble un fait divers nous invite à réfléchir plus profondément sur notre rapport à la nature.

La forêt de Gila est une réserve naturelle des États-Unis, située dans l’État du Nouveau-Mexique. Le site de l’office de tourisme spécifie que l’on y trouve montagne, pâturages, collines et forêts. L’endroit idéal pour vivre « une expérience primitive et dépaysante » (sic). Avec une telle description, nul n’imaginerait que les troupeaux de vaches sauvages présentes dans cet espace protégé puissent avoir un comportement agressif envers les promeneurs.

Une menace

Nul doute que ce genre de nouvelle pourrait provoquer une baisse dommageable de la fréquentation touristique. Arguant de la menace que ces troupeaux représentent pour la faune et la flore, la responsable de la forêt de Gila a pris la décision d’éliminer le bétail sauvage de la zone. L’objectif est d’assurer la sécurité du public et de protéger l’habitat des espèces menacées et en danger.

Des clôtures auraient pu circonscrire l’espace d’évolution de ces troupeaux, ou les tracés des randonnées éviter certains espaces réservés aux troupeaux : cela eût suffi à prémunir les randonneurs des comportements agressifs. L’argument d’une gestion cynégétique (c’est-à-dire par la chasse) suppose que la nature ne peut assurer sa propre régulation. Cet argument est défendable, quoique les choix opérés par l’homme soient souvent discutables et contrarient l’évolution naturelle. Dans ce cas, les autorités auraient pu choisir de guider les troupeaux incriminés vers une zone d’abattage définie, où leur viande aurait été récupérée pour être consommée ensuite.

Une élimination rapide

Pourquoi les autorités ont-elles donc choisi d’éliminer les troupeaux par des tirs depuis des hélicoptères ? L’avantage de la rapidité d’exécution des déplacements dans un grand espace est indéniable. Cependant, le coût écologique (pollution, nuisance sonore) l’est tout autant. Les hélicoptères n’étant pas en mesure de rapporter les cadavres des bovins tués, ces derniers seront laissés sur place pour se décomposer naturellement. Les gestionnaires de la forêt de Gila ont considéré qu’il s’agissait de « la manière la plus efficace et la plus humaine de traiter ce problème ». Si l’on entend cette phrase au sens de l’usage de la technologie pour arriver à ses fins, c’est certain…

Le choix des autorités américaines dérange et questionne le rapport de l’homme à l’animal et à la nature. Faut-il aider la nature à sélectionner les espèces qui doivent prospérer et celles qui doivent disparaître ? La disparition de nombreuses espèces sous l’effet des actions humaines ne doit-elle pas nous inciter à davantage de prudence ? Dans le livre de la Genèse, Dieu ne nous dit-il pas : « Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre » ?

Alexandre Le Thellier

Actuailes n°158 - 1er mars 2023


1 vote


Imprimer