Le projet de réforme des retraites suscite un fort mécontentement. Jusqu’où cela ira-t-il ?
Alors que les manifestations contre la réforme des retraites ont rassemblé des foules nombreuses, une sourde colère semble monter dans le pays. Les blocages (train, bus, dépôts de carburant) se multiplient, avec des conséquences très concrètes pour chacun d’entre nous.
La réforme
La réforme des retraites vise à décaler l’âge de départ à 64 ans minimum. Pour le gouvernement, il s’agit de sauver un régime de retraites qui ne peut plus fonctionner comme avant. En effet, les actifs (ceux qui travaillent) ne seraient plus assez nombreux pour financer les retraites. Toutefois, cette analyse n’est pas forcément partagée par des spécialistes qui jugent que cette réforme n’est ni juste, ni nécessaire (voir Actuailes n° 156 du 25 janvier 2023). L’adoption de la réforme suit son cours au parlement, car elle fait l’objet d’une loi.
L’opposition
Les débats au parlement ont été vifs et souvent marqués par des exagérations. C’est d’autant plus dommage que c’est un sujet sérieux qui engage l’avenir de plusieurs générations. D’un côté, l’opposition de gauche a multiplié les attaques, avec de nombreux dérapages. Du côté du gouvernement, la communication n’a pas toujours été très claire et de nombreuses affirmations ont été contredites par des études. Il en ressort une grande confusion. Dans la rue, les manifestations d’ampleur se succèdent, avec une très forte affluence dans les petites villes de province.
Rejet du gouvernement
Au-delà de cette réforme, c’est plus généralement la politique du gouvernement qui semble visée. Un sondage indiquait qu’un Français sur deux est très en colère contre la politique économique du gouvernement, et 31 % un peu en colère. C’est considérable et cette colère touche toutes les catégories de Français de manière assez uniforme, hommes et femmes, riches et pauvres, jeunes et vieux. Nous entrons donc dans une période mouvementée.
Les blocages
Le gouvernement estime que les élections présidentielles ont donné une légitimité démocratique à cette réforme, clairement annoncée dans le programme d’Emmanuel Macron. La négociation est donc terminée. Face à cette attitude, de nombreux blocages commencent à fleurir : transports (SNCF, RATP, bus en province), dépôts de pétrole, ramassage des ordures comme à Paris, universités… Cette mise à l’arrêt progressive de l’économie pourrait coûter très cher, et engendrer des violences.
Afin de ramener calme et sérénité, il existe une solution potentielle : poser directement la question aux Français à travers un référendum. Le président saisira-t-il cette opportunité ? Ou l’opposition, car une référendum d’initiative parlementaire est possible sous réserve d’obtenir le soutien de 20 % des députés et sénateurs, et 10 % des électeurs ?
Julien Magne
Actuailes n°159 - 15 mars 2023
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