Climat social tendu

Alors que le printemps rime généralement avec douceur de vivre, la France connaît un épisode de fortes tensions sociales.

Le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites a entraîné une augmentation de la contestation. Elle s’accompagne de violences et paralyse certains secteurs économiques. Jusqu’où cela ira-t-il ?

Regain de contestations

Très mal perçu par les Français, le passage en force sur la réforme des retraites a entraîné des manifestations massives. Le 23 mars, il y avait entre 1 et 3 millions de Français dans la rue. Ces manifestations sont accompagnées de violences très fortes. Ainsi, plus de 400 gendarmes et policiers ont été blessés. Casseurs et jeunes manifestants affrontent des policiers qui font parfois un usage disproportionné de la force, comme le faisait récemment remarquer le chanteur Vianney suite aux coups de bâtons infligés à un pauvre SDF. Un cycle de violence semble s’enclencher.

Blocages

En parallèle des manifestations, de nombreux secteurs sont bloqués. Dans les transports, les grèves se multiplient à la SNCF, à la RATP et dans les transports en commun de province. Les aéroports voient de nombreux vols annulés. Des manifestants obstruent ponctuellement certaines routes et autoroutes. Le ramassage des poubelles est quasiment à l’arrêt à Paris, où 10 000 tonnes de déchets se sont accumulés. Certaines universités et des lycées ont fermé. L’activité de grands ports comme Marseille ou Le Havre est gênée par les syndicats. Dans l’énergie, le blocage des raffineries de pétrole et des dépôts de carburant entraîne des pénuries dans certaines régions. Face aux risques de débordements, la visite du roi d’Angleterre a été annulée. La facture économique de ces fermetures sera salée, et peut-être supérieure aux gains espérés de la réforme des retraites.

Quelle suite ?

Le gouvernement et le président Emmanuel Macron se veulent inflexibles pour mener à bout la réforme des retraites. Il semble donc régner un dangereux dialogue de sourds, comme le font remarquer les médias étrangers qui notent la radicalisation des contestataires. De plus, cette crise intervient dans un contexte de difficultés économiques. Le risque qu’elle s’amplifie est possible. Enfin, ce n’est pas la seule réforme des retraites qui est contestée, mais plus généralement un président et un gouvernement qui peinent à trouver une parade. Afin d’apaiser les tensions, le gouvernement pourrait renouer le dialogue avec les syndicats. De plus, le conseil constitutionnel pourrait censurer une partie de la réforme des retraites. Mais cela sera-t-il suffisant ?

En conclusion, la France connaît un épisode de tensions dangereux auquel le gouvernement peine à répondre. Mais le malaise semble plus grave et il s’agit peut-être de profiter de ce moment pour répondre à des angoisses plus profondes des Français sur leur avenir. C’est le rôle d’un président qui détient beaucoup de pouvoirs dans notre pays.

Julien Magne

Actuailes n°160 - 29 mars 2023