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Arabie saoudite et Iran

28-03-2023 à 15:31:45

Le 10 mars, 7 ans après leur rupture, l’Arabie saoudite et l’Iran ont renoué leurs liens.

Le roi saoudien Salmane et le président iranien Raissi ont signé un accord, sept ans après la prise d’assaut de l’ambassade du royaume à Téhéran (capitale de l’Iran), en protestation contre l’exécution d’une figure religieuse chiite saoudienne.

Les riverains rivaux

Presque tout est question de religion. Ou plutôt d’interprétation. Les deux pays que le Golfe arabo-persique relie, y compris par le nom, se font face sur le terrain religieux : le pouvoir saoudien est sunnite, tandis que le régime iranien est chiite ; ils représentent les deux branches principales de l’islam.

Cette opposition séculaire, exacerbée par les crises et guerres de la région (notamment en Syrie et au Yémen), paraît insolvable, tant la rivalité est profondément ancrée dans les peuples voisins. La volonté d’étendre chacun son influence, et d’être le poids lourd de la région, entretient ces tensions, déjà bien assez palpables au Moyen-Orient.

Le roi et le président

Pourtant, les deux chefs d’État ont conclu en mars que leurs relations devaient renaître, « pour renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales ». Vaste programme ! Surtout quand les priorités des deux pays sont militaires, l’un étant préoccupé de la menace de l’autre. Menace qui ne cesse pas. Menace d’ailleurs qui pourrait bien être nucléaire un jour.

Ainsi, Riyad se fournit régulièrement auprès des Américains (notamment des drones), et Téhéran a conclu récemment avec la Chine la possibilité d’ouvrir des usines de production de drones. En fait, ce qui se joue cache assez mal un accroissement de la menace de déstabilisation de la région, vu les enjeux. Ce que se disent le roi et le président n’est ni la réalité ni la volonté des peuples.

Le bal au centre

Sous l’égide de la Chine, cet accord du 10 mars, qui en précède d’autres, profite donc plus à d’autres pays qu’à ces deux-là. À mi-chemin entre l’Europe et la Chine, le Moyen-Orient revêt toujours une importance capitale pour le commerce eurasien qui passe fatalement par là. Washington ne voit pas d’un bon œil cette influence rampante de la Chine dans cette région où l’arme nucléaire prolifère, même s’il permettrait de calmer un peu le jeu.

Israël, qui mène une guerre secrète contre l’Iran par des attaques ciblées en Iran, en Syrie ou au Liban (sous influence de l’Iran), souhaite tirer parti de cette nouvelle donne. De plus, avant l’Arabie saoudite, les Émirats et le Koweït avaient déjà renoué avec le régime des mollahs (l’Iran). C’est décidément un drôle de bal masqué qui s’ouvre dans cette région

centrale. Chacun veut y trouver son partenaire, qui ne montre pas son vrai visage.

Abu Jibril

Actuailes n°160 - 29 mars 2023


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