Le tableau s’intitule Jeune fille jouant du théorbe, mais le titre sous lequel il est plus connu est La Finette, qui fait allusion au charme espiègle du modèle. Un charme qui n’exclut pas une certaine mélancolie. Il est vrai que ce fin visage laisse apparaître peu de sentiments, peu d’émotion.
La jeune fille joue d’un instrument de musique rare aujourd’hui, mais fréquemment utilisé au XVIIIe siècle, le théorbe. Il s’agit d’un instrument à cordes à long manche. Accompagne-t-elle le son de son instrument de sa voix ? Difficile de le dire, car sa bouche est fermée. Le tableau semble être une allégorie1 de la musique, plus que la représentation d’une personne bien précise.
À une reproduction précise des étoffes, le peintre préfère le jeu des reflets sur le satin aux tons argentés d’une superbe robe « à la française ». La tenue, si élégante, comporte de larges manches tombantes et une collerette. Le corps tourné vers la droite laisse voir les plis de l’arrière du vêtement. Seul le visage se dirige vers le spectateur, le regard est d’ailleurs peu concentré sur l’exécution musicale.
Le décor de la scène est peu détaillé. Le flou du paysage nous permet d’imaginer un bois d’où les arbres et les arbustes, regroupés en bosquets touffus, laisseraient passer la lumière.
Watteau ne nous propose-t-il pas ici l’évocation d’un certain art de vivre, proche de la nature et consacré aux arts ?
1 Une allégorie est la représentation d’une idée abstraite.
2 Deux objets de décoration sont en pendants lorsqu’ils forment une paire et sont symétriques l’un de l’autre.
Sophie Roubertie
Actuailes n°160 - 29 mars 2023
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