Soudan - guerre et exode

Le 22 avril, la France a lancé l’opération « Sagittaire », qui consistait à évacuer les ressortissants français (et d’autres nationalités) du Soudan.

Au total, 900 personnes ont été évacuées du pays, par mer et par les airs, à cause de la rapide dégradation de la situation dans le pays.

Sombre tableau au « pays des noirs »

Le 15 avril, éclate une guerre féroce entre l’armée du Soudan (« pays des noirs » en arabe), présidée par le général Abdel Fattah al Burhane, et les « forces de soutien rapide », des unités paramilitaires puissantes, dirigées par le général Hamdane Dogolo, grand adjoint du président de la république soudanaise.

Initialement, les deux généraux avaient fait front commun lors du renversement du gouvernement en 2021 et écarté les personnes civiles qui détenaient une partie du pouvoir. Des divergences sont ensuite apparues, notamment sur l’intégration de ces forces de soutien rapide dans l’armée. La situation s’est rapidement transformée en guerre ouverte.

Trêve par ci, promesse par là

Les deux camps rivaux ont accepté plusieurs fois de respecter des trêves. Sous l’égide de puissances régionales ou mondiales (notamment les États-Unis), les deux parties ont donc cessé le feu, pour violer les trêves aussitôt. La réalité sur le terrain est tout autre que celle vécues par les dirigeants. En tout état de cause, les couloirs sécurisés pour les évacuations des étrangers sont maintenus et les négociations, qui ont lieu à l'étranger, se poursuivent.

Face à la dégradation très rapide de la situation, de nombreux pays ont décidé d’évacuer leurs ressortissants. C’est le cas de la France, l’un des premiers à prendre la décision, qui a dénommé l’opération « Sagittaire » (la première lettre étant celle du Soudan), le messager sagittaire1 étant l’emblème national de ce pays en guerre. Des avions de l’Armée de l’air et un navire de la Marine nationale ont ainsi accompagnés 900 personnes vers des pays voisins, plus sûrs.

Vers un exode massif ?

Au total, jusqu'à 270 000 personnes pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 États de ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde. Des dizaines, voire des centaines de Soudanais, ont déjà été déplacés, certains vers l’étranger, pour éviter la guerre et les crises qu’elle engendre : humanitaire, sanitaire et les horreurs et pillages en tout genre.

Certaines tribus alentour ont déjà essayé de s’armer, notamment au Darfour, à l’ouest, tristement connu pour les conflits et les guerres, dont la dernière, en 2003, lors de laquelle Dogolo était le chef d’une des tribus les plus puissantes. En somme, chaque groupe de ce conflit qui s’étend veut pouvoir proclamer la devise du Soudan : « La victoire est à nous. »

1 Oiseau rapace diurne d’Afrique appelé aussi secrétaire ou serpentaire.

Actuailes n°161 -10 mai 2023