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À quoi servent les impôts ?

À quoi servent les impôts ?

09-05-2023 à 09:26:09

Peut-être avez-vous remarqué que, ces derniers temps, vos parents étaient très occupés par leur déclaration de revenus ?

Championne du monde des impôts, la France peine toutefois à boucler son budget. Cela l’oblige à emprunter de l’argent, et à aggraver sa dette, que les jeunes générations devront assumer. De plus, les services publics (hôpital, école, justice, police…) sont parfois très dégradés. Quelles sont les raisons de cette situation contradictoire : beaucoup d’impôts, mais peu de services ?

Les impôts

De tout temps, les Français ont payé des impôts. Sous l’Ancien Régime, ils servaient avant tout à financer l’Église et ses œuvres (hôpitaux, écoles, soutien aux pauvres, salaires des prêtres…), la diplomatie et la guerre. Au fil du temps, les impôts se sont multipliés et ont servi à financer d’autres dépenses, surtout sociales : retraites, indemnités chômage, revenus pour les pauvres, soutien aux familles ou soins médicaux. Cela a commencé après la seconde Guerre mondiale, et on a appelé cela l’État providence.

En augmentation continue, l’ensemble des impôts dépasse les 1 100 milliards d’euros. Ils viennent de différentes sources. Il y a tout d’abord les cotisations sociales, qui représentent 33 % des impôts prélevés. Il s’agit des sommes versées par les employés et leurs patrons pour financer leur protection sociale (santé, retraite, chômage). Il y a ensuite l’impôt sur le revenu, dont la déclaration est en cours. Il alimente 26 % du total des impôts. Son principe est simple : plus votre revenu est fort, plus vous payez d’mpôts. Vous bénéficiez toutefois de baisses en fonction du nombre d’enfants, de vos dons à des associations (comme Actuailes) ou encore de l’emploi de personnes à domicile : femme de ménage, nounou, jardinier… Enfin, la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) représente 16 % du total récolté. Il s’agit d’un pourcentage prélevé sur chaque bien acheté : 20 % pour la quasi-totalité des biens, mais seulement 10 % pour d’autres (bois de chauffage, manèges, musées, zoos…), voire 5,5 % pour des biens alimentaires essentiels. À ces trois impôts principaux, se rajoutent de nombreuses taxes sur les bénéfices des entreprises, le tabac, l’alcool ou les propriétaires de leur logement.

Les dépenses

Sur 1 000 euros d’argent public, plus de la moitié est affecté à la protection sociale : retraites pour 262 euros, santé pour 195 euros, familles pour 41 euros et chômage pour 33 euros.

L’autre moitié sert à financer les autres dépenses. Toujours si l’on calcule sur 1 000 euros, 156 euros financent les aides aux entreprises, la culture, l’environnement et les transports (routes, voies ferrées…). L’éducation (écoles) concentre 95 euros et les services régaliens seulement 60 euros : 31 pour les armées, 25 pour la police et la gendarmerie et 4 pour la justice. Mais deux questions se posent : cette répartition est-elle pertinente, et les sommes dépensées le sont-elles de manière efficace ?

Tous les économistes reconnaissent que les pays se doivent de financer leurs dépenses régaliennes (c’est à dire police, justice et armée), mais également les routes ou l’administration. Mais il est utile d’observer qu’en France, la part de ces dépenses est faible. Cela explique les problèmes de la justice, comme le manque de juges, leurs faibles salaires ou le délabrement de certains tribunaux. C’est également la cause du déclassement de l’armée, qui souffre de matériels vieillissants et en nombre insuffisant.

Ces dépenses gigantesques sont-elles efficaces ? Pour l’école, il est permis d’en douter. Avec des dépenses pourtant en hausse, le niveau des élèves s’écroule, au point que 40 % d’entre eux ont des difficultés à lire en sixième. Les dépenses pour un élève dans une école publique sont de 40 % supérieures à celles de celui d’une école privée, avec pourtant des résultats scolaires inférieurs. Cela ne peut s’expliquer que par une mauvaise gestion. Alors que les dépenses de santé représentent 20 % du total, la situation de l’hôpital est très mauvaise, voire catastrophique dans certaines villes et régions. Une nouvelle fois, la gestion de l’État est en cause.

Que faire ?

Il s’agit tout d’abord de dépenser moins. Il faut en effet baisser les impôts, car ils écrasent entreprises et particuliers. Pour les entreprises, cela fait monter le prix de leurs produits et limite leur capacité à monter les salaires. Elles sont donc moins compétitives que leurs concurrentes étrangères, qui paient moins d’impôts. Beaucoup d’entre elles installent donc leurs usines ou leurs bureaux à l’étranger. Un vieil adage économique dit à juste titre que « trop d’impôt tue l’impôt ».

Il s’agit également de dépenser mieux pour obtenir de meilleurs résultats, comme à l’école ou à l’hôpital. Mais, pour y arriver, il faudrait du courage et accepter de se poser les questions suivantes : quelles dépenses sont essentielles : avoir une bonne armée et une police nombreuse, ou financer des aides à des médias, quasiment tous détenus par des milliardaires ? Est-il pertinent de financer une forme d’assistanat, c’est-à-dire des aides pour des personnes qui ne veulent pas travailler, alors que de nombreuses entreprises proposent des emplois et ne reçoivent pas de candidats ?

Il faudrait enfin s’attaquer aux nombreuses fraudes. Par exemple, selon l’administration, il y aurait un écart de 1,8 million de cartes Vitale par rapport au nombre de personnes censées en détenir. Beaucoup de grosses entreprises et de personnes très riches ne paient quasiment plus d’impôts en France. Les cas les plus connus concernent des entreprises comme Amazon. En 2021, Amazon n’a pas payé d’impôt en France, ni en Europe, ayant basé son siège au Luxembourg. Elle a même touché – légalement – 1 milliard d’euros d’aide. Cela s’appelle de l’optimisation fiscale, à laquelle ont recours de nombreux Français fortunés qui placent leur argent dans des paradis fiscaux.

Championne des impôts, la France se doit désormais de dépenser moins et mieux, au risque sinon de voir les Français ne plus accepter de payer leurs impôts.

Julien Magne

Actuailes n°161 - 10 mai 2023


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