Le niveau des nappes phréatiques françaises est surveillé chaque année avec toujours plus d’anxiété.
On ne compte plus les alertes à la sécheresse et le débat autour des « méga-bassines » et autres retenues d’eau fait rage. Essayons d’apporter quelques éléments de compréhension du débat et des enjeux !
Ressources et besoins en eau
La France reçoit environ 210 milliards de mètres cubes d’eau douce chaque année, que ce soit par les pluies ou par les rivières venant d’autres pays. L’activité humaine prélève environ 31 milliards de mètres cubes d’eau douce, dont environ 70 % pour le refroidissement des centrales électriques et l’approvisionnement des canaux. Les 30 % restants représentent l’eau utilisée par les ménages (boisson, cuisine, lessive, etc.), l’agriculture et les besoins de l’industrie. Sur cette eau prélevée, environ 20 % sont dits consommés : l’eau ne retourne pas à l’environnement. Cette eau consommée l’est d’abord pourr l’agriculture et le refroidissement des centrales électriques (76 %), puis par les ménages (21 %).
Le problème du stockage
Alors, si nous recevons 7 fois plus d’eau que ce que nous prélevons, pourquoi craignons-nous la sécheresse ? L’immense majorité (88 %) des apports d’eau douce a lieu pendant l’automne et l’hiver. Cette eau n’est malheureusement pas intégralement stockée. Une part importante repart dans les océans via rivières et fleuves. Cette partie est amplifiée par les constructions humaines qui empêchent l’absorption locale de l’eau et rejettent l’eau dans les rivières. L’eau est aussi conservée dans les nappes phréatiques, bien sûr. Il existe deux types de nappes phréatiques : en fonction du sol, certaines se comportent effectivement comme de grosses bassines qui se remplissent par les pluies et se vident par les fleuves et les pompages. D’autres, en revanche, ressemblent davantage à des rivières souterraines : l’eau n’y transite que brièvement et toute l’eau reçue n’y est pas gardée.
L’eau pour l’homme et la nature
Par ailleurs, l’homme n’est pas le seul utilisateur d’eau. La nature qui nous entoure en consomme aussi beaucoup ! Plus la température augmente, plus la transpiration des végétaux augmente. La consommation végétale est donc plus forte au printemps et en été. Le pic de consommation humaine, végétale et animale a donc lieu en été. C’est aussi le moment où les apports d’eau douce sont au plus bas. Le problème de la sécheresse estivale est donc en partie un problème de décalage entre l’approvisionnement en eau et son utilisation : pour y remédier, on cherche à stocker localement l’eau qui transite en hiver pour la réutiliser en été, solution qui a pu prendre la forme des fameuses « méga-bassines ».
Quels que soient les défauts des « méga-bassines », elles peuvent dans certains contextes apporter une partie de la solution à des manques d’eau avérés. Mais elles ne fournissent pas de solution miracle, ne sont pas utilisables partout et doivent venir en complément d’autres solutions : meilleure adaptation des cultures, moins d’artificialisation des sols, et adaptation de la consommation humaine.
Malo du Bretoux
Actuailes n°161 - 10 mai 2023
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