En prélude de la journée mondiale de l’Afrique, célébrée le 25 mai, il convient de s’interroger sur la place qu’occupe l’Afrique, continent de près d’un milliard d’habitants, dans les sujets d’actualité de notre Église.
Vous en avez sans doute rencontré régulièrement lors des célébrations dominicales sur vos lieux de vacances. L’été, pendant que nos prêtres habituels profitent de quelques jours de repos ou partent en retraite, des prêtres africains prennent le relais et viennent célébrer en France des messes hautes en couleur et en verbe.
De nombreux fidèles
Notons tout d’abord que, s’appuyant sur une démographie galopante, l’Église Catholique grandit en nombre chaque jour un peu plus en Afrique : participation en hausse de fidèles à la vie paroissiale, réseau d’œuvres éducatives, médicales (dispensaires) et sociales rendant service au plus grand nombre, clergé désormais très africanisé et acteur politique engagé dans les affaires politiques des pays.
Pour autant, cette croissance en nombre n’épargne pas l’Afrique des maux traditionnels de nos sociétés. L’institution chrétienne y est aussi en crise : hausse du nombre de divorces, désaffection progressive de la jeune génération – souvent très critique vis-à-vis des égarements du clergé – et essoufflement financier avec la baisse des aides extérieures.
Décalage entre l’Afrique et l’Occident
On rencontre surtout un réel décalage entre les préoccupations de l’Église universelle et celles de l’Église en Afrique. Ainsi, la question de l’homosexualité – que le pape François a souhaité « décriminaliser » lors de son voyage en Afrique en février 2023 – se confronte sur le continent à des populations globalement réfractaires, pour des raisons sociétales profondément ancrées.
Pour beaucoup, la question du mariage des prêtres – mise sur la table en Occident – arrive à contretemps : est-ce parce que l’Occident compte ainsi résoudre la diminution des vocations ? Est-ce parce que la théologie du sacerdoce a évolué ? Beaucoup d’Africains s’interrogent.
Il en est de même de l’ordination des femmes : poussée ailleurs par des mouvements féministes, ces derniers sont encore très peu audibles dans les Églises en Afrique.
En Afrique, les fidèles ont donc le sentiment que c’est l’évolution des sociétés et des Églises occidentales qui dicte le rythme des réformes. Le continent, où le nombre de catholiques augmente le plus rapidement (236 millions de fidèles, soit 19 % des catholiques du monde), demeure sous-représenté dans les hautes instances de décision, mais cela est appelé à évoluer inéluctablement. Continent traditionnel s’il en est, l’Afrique pourrait dès lors apporter un nouveau souffle : le prochain pape sera-t-il africain ?
Guillaume P.
Actuailes n°162 - 24 mai 2023
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