Mais pourquoi colle-t-il ?

À l’occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse, qui a lieu tous les ans le 3 mai, nous vous proposons d’élucider pour vous un grand mystère.

Ce mystère est lié à un des plus grands reporters de notre temps : pourquoi le sparadrap du capitaine Haddock colle-t-il aussi bien – et à tout – et pourquoi ne parvient-il pas à s’en débarrasser ? Le capitaine Haddock n’est probablement ni le premier, ni le dernier sur Terre à subir les aspects parfois désagréables d’un matériau qui colle.

Toute une histoire

On a retrouvé près du lac de Neuchâtel, en Suisse, un couteau à moissonner, constitué d’une lame de silex coincée dans un manche en bois et collée avec de la bétuline, une colle obtenue à partir de l’écorce de bouleau. Et on a découvert en Syrie des silex enduits de bitume, qui sont datés de plus de 50 000 ans ! Ensuite, la cellulose, issue des plantes, servira à la fabrication du papyrus puis du papier en Chine et en Europe en apportant la colle qui fait tenir les fibres entre elles. Et des colles issues de peaux ou d’os permettront après la Renaissance de fabriquer des meubles en marqueterie qui ont vécu jusqu’à notre époque.

Pourquoi certaines matières collent-elles entre elles ?

Malgré l’importance de cette question, on ne sait pas y répondre aujourd’hui simplement… Plusieurs théories essaient de l’expliquer, en se basant sur deux approches : la mécanique et la chimie.

En mécanique, d’abord, on constate que le collage est d’autant meilleur que les deux matériaux sont rugueux. Ensuite, le mouillage de la colle est important : si elle recouvre bien toutes les surfaces, elle tiendra bien mieux que s’il reste des bulles d’air. Enfin, un phénomène d’interdiffusion des matières peut se produire : un peu comme si leurs surfaces se mélangeaient.

Sur la partie chimique, plusieurs types de liaisons peuvent être créées entre les molécules du corps que l’on veut coller et la colle. Deux d’entre elles sont plus faciles à appréhender. La première est électrique : les atomes chargés positivement et négativement peuvent s’attirer. La seconde est plus chimique : des atomes peuvent échanger des électrons et donc devenir liés, ce qu’on appelle une liaison covalente.

Le cas du sparadrap se rattache à la première catégorie. Il colle à la peau car le mélange de caoutchouc et silicone qui est utilisé pour sa colle est capable, au niveau atomique, de créer des liaisons de type électrique avec les atomes de notre peau. En revanche, ce que la science n’a pas réussi à expliquer, c’est pourquoi les sparadraps ont une si fâcheuse tendance à s’attacher à une personne, comme le capitaine Haddock en a fait les frais !

Malo du Bretoux

Actuailes n°162 - 24 mai 2023