Le 16 mai, la justice française a lancé un mandat d’arrêt international contre l’un des hommes les plus riches du Liban, Riad Salamé.
Ce responsable de la banque du Liban est accusé d’avoir détourné des fonds. Malgré la convocation, il ne s’est pas présenté au tribunal.
La pire crise économique du Liban
Depuis quelques années, le « pays du Cèdre » est plongé dans une crise économique très profonde, qui contraint les habitants à payer avec des sommes considérables de « livres libanaises » (la monnaie locale). C’est que la valeur de la monnaie a été divisée par dix en moins de cinq ans. Cela en partie à cause de la corruption courante, des crises sécuritaires et, notamment, de l’explosion du port de Beyrouth, la capitale, en août 2020, qui a ébranlé le pays.
Certaines puissances, la France spécialement, se sont portées à la rescousse de ce pays avec lequel nous sommes très liés historiquement (le drapeau du Liban, alors sous mandat français, a été bleu, blanc et rouge avec un cèdre sur la frange blanche !). Mais aujourd’hui, c’est presqu’à son chevet que se rendent les pays ou organisations de soutien. Avec une loupe pour analyser les causes et tenter de panser les blessures.
Les oligarques libanais
Depuis plus de 30 ans, Riad Salamé est à la tête de la banque centrale libanaise. Impliqué dans des affaires de détournement d’argent, il est donc aujourd’hui recherché par la justice française. Mais la justice libanaise pourrait ne pas collaborer, pas plus qu’elle ne le fit avec des évadés fiscaux, des responsables politiques ou des personnalités telles que Carlos Ghosn, ancien président du groupe Renault-Nissan, réfugié au Liban depuis plus de trois ans.
La liberté dont jouissent ces personnes au Liban leur offre, non seulement le loisir de poursuivre leurs activités en toute impunité, mais surtout d’outrepasser le droit qui s’applique à d’autres tranches de la population. Cette situation de privilégiés déplaît aux classes non dirigeantes, qui pourraient finir par vouloir faire table rase.
Sans aide extérieure, point de salut
La diaspora libanaise (c’est-à-dire les Libanais vivant hors de leur pays) est plus nombreuse et plus riche que les autochtones. Elle a donc la capacité de secourir un pays qui va très mal. Les millions de Libanais dispersés de par le monde tentent bon gré mal gré de fournir, à défaut d’argent, des idées et des encouragements.
Alors que les juges sont chargés de pointer du doigt les profonds dysfonctionnements, les soutiens et élans de solidarité ne peuvent être plus efficaces que lorsqu’ils sont issus de cette diaspora. Plus que de millions de dollars, ce sont de millions de soutiens libanais qu’a besoin le Liban.
Abu Jibril
Actuailes n°162- 24 mai 2023
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