Le gouvernement vient de débloquer une aide d’urgence de 60 millions d’euros au profit des agriculteurs de cette filière. Pour quelles raisons ?
La crise du bio se poursuit, dans un contexte de forte inflation qui renchérit le coût des produits alimentaires. L’État a décidé de s’engager pour sauver ce type d’agriculture.
Le bio en France
L’agriculture biologique a connu une très forte croissance en France jusqu’en 2021. Les consommateurs, surtout les plus aisés, privilégiaient des aliments qu’ils considéraient comme plus sains pour leur santé et plus respectueux de l’environnement. De nombreuses chaînes de magasins spécialisés ont ouvert, ainsi que des rayons entiers dans les supermarchés. Le panel de produits est large : œufs, lait, viande, fruits, légumes. La France compte 58 000 exploitations en agriculture biologique, soit 13 % de l’ensemble des fermes et plus de 10 % des terres cultivées. Plus de 200 000 emplois en dépendent.
La crise
Produire du bio coûte plus cher. Pour obtenir ce label, l’agriculteur doit respecter de nombreuses règles strictes. Il doit en particulier bannir les produits chimiques, comme les pesticides et les engrais industriels. Sa productivité sera donc plus faible et il doit vendre plus cher pour vivre, par exemple en doublant les prix pour la viande de porc. Malheureusement, la très forte hausse des prix des produits alimentaires a incité les Français à se tourner vers des produits meilleur marché, en excluant le bio de leurs courses.
Avec des revenus plus élevés, un souci affiché de protection de l’environnement et de belles perspectives de croissance, de nombreux agriculteurs avaient opté pour le bio. Mais, maintenant que la consommation baisse, ils ont du mal à vendre leur production et sont menacés de faillite.
L’État à la rescousse
Le gouvernement a décidé de réagir. En plus des aides directes, et une campagne de publicité, il s’est engagé à respecter sa promesse de proposer 20 % d’aliments bio dans les cantines des écoles, prisons, centres administratifs et les casernes militaires.
Alors que la France est le leader européen de l’agriculture biologique, ne serait-il pas temps de repenser le rôle de notre agriculture ? La France est une puissance agricole majeure, mais elle recule, au point que notre production ne suffit plus pour nourrir notre population. Nous devons aujourd’hui importer une bonne part de nos fruits et légumes, et même de notre viande. À l’heure où la guerre en Ukraine – et la pénurie de blé qui en découle – nous prouve qu’il est utile d’avoir une agriculture forte, l’État ne devrait-il pas engager une politique ambitieuse comme il souhaite le faire pour l’industrie ?
L’avenir nous le dira, mais il y a une certaine urgence à redonner un cap et une cohérence à notre agriculture. Comme le rappelait déjà le ministre Sully en 1638, « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ils doivent le rester.
Actuailes n°162 - 24 mai 2023
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