le 16 juillet 1918 L’assassinat des Romanov

Mon cher Augustin,  

Je suis actuellement en Russie, et cette carte représente la famille Romanov qui a régné sur l'Empire de 1613 à 1917. T’ai-je déjà conté son histoire ?  

Sous le règne du tsar Nicolas II (dès 1894), la Russie connaît un important essor mais, le 15 mars 1917, il doit renoncer à son titre d’empereur. C’est la Révolution. Le gouvernement devient communiste en octobre et Lénine prend le pouvoir. Dès lors, la Russie tombe dans la guerre civile: les blancs tsaristes contre les rouges communistes.  

Le tsar Nicolas II n’est plus qu’un simple citoyen. Sa famille et lui se retrouvent alors en résidence surveillée au palais Alexandre à Tsarskoïe Selo près de Petrograd, puis en Sibérie. Mais les bolchéviks ont peur de l’armée blanche... En avril 1918 Lénine déplace la famille impériale à Ekaterinbourg, la ville la plus ouvrière de l’Oural, dans la maison Ipatiev, au secret. La Garde rouge les surveille de façon stricte et le confort est très succinct. Ils subissent de nombreuses insultes et moqueries. Malgré cela, les Romanov restent unis et réussissent à mener une vie assez stable.   

Lors de l’été 1918, les choses s’accélèrent. Dans la soirée du 16 juillet 1918, les Romanov dînent vers 20h et partent se coucher 2h plus tard. Brusquement, la famille et les domestiques sont réveillés. Ils doivent descendre dans une pièce au sous-sol. Les Romanov, leur médecin et les serviteurs, sont alors alignés. Le commandant des lieux et une dizaine d’hommes armés apparaissent. Iourovski, le geôlier du tsar, déclare: «Nicolas Alexandrovicth, vos amis ont essayé de vous sauver, mais ils n’y ont pas réussi. Nous sommes dans l’obligation de vous fusiller. Votre vie est terminée.» Le tsar et son fils Alexis, le tsarévitch de 13 ans, son épouse et leur quatre filles –  Olga (22 ans), Tatiana (21 ans), Marie (19 ans), Anastasia (17 ans) – tombent fusillés. Un garde avait fait tourner le moteur d’un gros camion à l’extérieur pour couvrir le bruit de cet assassinat.  

Lénine avait ordonné qu'on ne retrouve jamais rien du dernier tsar et de son entourage. Mais leurs restes furent retrouvés, et, moins de cent ans plus tard, on les transporta à Saint-Pétersbourg pour les ensevelir dans la nécropole impériale de la cathédrale Pierre-et-Paul. Boris Eltsine, président de la Russie (1990-1999), demandera publiquement pardon «pour les crimes du bolchevisme, du stalinisme et de leurs successeurs» devant les petits cercueils. Par ce geste spectaculaire, les Russes ont voulu effacer les cicatrices du communisme! De nos jours, sur le lieu de la maison Ipatiev se trouve  l’église orthodoxe de Tous-les-Saints. Elle fut consacrée il y a 20 ans, en 2003, 85 ans après la mort du tsar. Une belle icône les représente tous.  

Je te la montrerai et je t’embrasse, 

Tante Cécile. 

Actuailes n°163 - 16 juin 2023