Mariage princier en Jordanie

Le 1er juin dernier, à Amman, le prince héritier Hussein de Jordanie a épousé mademoiselle Rajwa Al Saïf, une jeune femme issue de la haute noblesse saoudienne.

Le mariage s’est déroulé en présence d’illustres témoins, comme c’est l’usage dans la tradition musulmane sunnite, dans les somptueux salons du palais royal de Zahran, au cœur de la capitale jordanienne. Ce palais, édifié en 1957, a longtemps abrité la résidence de la reine Zein, belle-mère de l’actuel roi Abdallah de Jordanie. Il est aujourd’hui l’un des lieux les plus fastueux du Moyen-Orient où se tiennent de grands événements.

Ce mariage rassemblait des invités venus de toutes les cours princières d’Orient, d’Extrême-Orient et d’Europe. Le roi Abdallah et son épouse, la reine Rania de Jordanie, ont reçu les familles princières de Grande-Bretagne, du Danemark, de Belgique, d’Espagne, mais aussi du Bouthan, la famille impériale du Japon et le Sultan de Brunei.

Un tel mariage donne lieu à sept jours de réjouissances dans tout le pays.

Un mariage diplomatique

Ce mariage fastueux a une dimension politique et diplomatique importante en Orient. La Jordanie est en effet une monarchie d’équilibre qui entretient des relations avec tous les acteurs de la région. Voisine d’Israël, de la Syrie, de l’Arabie et de l’Irak, disposant d’une frontière avec la Cisjordanie, une enclave palestinienne sous contrôle israélien, la Jordanie côtoie des pays en crise ou en guerre et s’attache à demeurer un espace de dialogue et de rencontre entre les belligérants qui le souhaitent.

Souvent critiqué par ses voisins arabes pour sa bienveillance à l’égard d’Israël, le roi Abdallah montre son attachement au monde arabe en accueillant au sein de sa famille une princesse saoudienne. Elle sera de fait la princesse héritière et pourrait régner aux côtés de son mari Hussein s’il devient roi de Jordanie.

Le saviez-vous ?

La Jordanie actuelle est une émanation de l’ancien émirat hachémite de Transjordanie.

Hachémite signifie descendant des Hâchim, une famille qui fut longtemps la gardienne des lieux saints de l’Islam.

Autrefois sous domination ottomane (Empire turc), le protectorat de la Palestine est confié à la Grande-Bretagne en 1918. Les Britanniques scindent la Palestine en deux parties :

– l’une à l’Ouest du Jourdain (la Cisjordanie), destinée à accueillir le « foyer national juif », futur Israël ;

– l’autre à l’Est, confié à l’émir hachémite des lieux, le prince Talal.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les soldats hachémites qui forment la Légion arabe se battent courageusement aux côtés des alliés. Ils permettent à leur tribu d’accéder à l’indépendance. Leur roi Talal, ayant échoué à annexer la Cisjordanie durant les guerres arabes, décide d’étendre son royaume dans le désert à l’Est et choisit pour ce nouveau pays le nom de Jordanie.

Mélicène Syphore

Actuailes n°163 - 16 juin 2023