Se relever grâce à la recherche : des implants pour aider un tétraplégique à marcher

Une équipe franco-suisse vient de publier dans la revue scientifique Nature les résultats d’un incroyable travail.

Cette équipe médicale a réussi à faire marcher de façon autonome un patient tétraplégique (paralysé des membres inférieurs depuis 10 ans) : grâce à des implants et à l’intelligence artificielle, il peut commander ses jambes directement avec sa pensée…

Notre système moteur

Il fonctionne grâce au système nerveux, c’est-à-dire le cerveau ,la moelle épinière et les nerfs périphériques qui se dispersent dans tout le corps. Il est composé de neurones, des cellules connectées entre elles tout au long d’une chaîne, puis jusqu’aux muscles de nos membres. Lorsque nous souhaitons faire un mouvement du bras, par exemple, un signal électrique parcourt les neurones concernés qui vont stimuler la contraction du muscle du bras afin d’obtenir le mouvement.

Lors d’un accident, le cerveau, la moelle épinière ou les nerfs périphériques peuvent être coupés ou écrasés, le signal ne passe plus et on ne peut plus rien sentir ou bouger en aval de cette blessure. C’est ce qui était arrivé à un Suédois de 40 ans : il y a dix ans, un accident de vélo provoquait une lésion de sa moelle épinière et une paraplégie.

Les implants qui entraînent la marche

Des chercheurs français ont développé un système pour remplacer le travail de sa moelle et aller stimuler les muscles de ses jambes en les commandant par la volonté. Pour cela, ils ont mis au point deux implants : un premier, appelé WIMAGINE, placé au contact direct du cerveau du patient, au niveau de la zone qui commande les muscles des membres inférieurs (on connaît bien la répartition de la commande motrice dans le cerveau). Cet implant enregistre les signaux électriques qui viennent du cerveau, et, grâce à l’intelligence artificielle (on « entraîne » un ordinateur à analyser des données pour donner une réponse adaptée ), l’implant traduit ce signal électrique en intention de mouvement. Puis un deuxième implant situé au niveau de la moelle épinière sous la zone blessée transforme cette analyse de l’intention de mouvement en signal électrique pour entraîner la contraction des muscles. C’est un « pont digital », qui remplace le « pont neuronal » brisé.

Grâce à ce système, le patient a pu remarcher en quelques semaines, avec une démarche de plus en plus naturelle , et on a pu observer que la zone du cerveau concernée par la marche créait de nouvelles connexions et récupérait sa capacité à organiser le mouvement et gérer l’équilibre. Cela se fait au prix de machines et de sondes un peu encombrantes, mais quel renouveau pour le patient !

Les équipes travaillent à rendre les implants plus petits et développer la technique pour les bras et le reste du corps. Un bel exemple d’une bonne utilisation de l’IA, et un grand espoir pour les patients paralysés !