Cet hiver commence une campagne de prévention contre le virus le plus classique de la bronchiolite, le VRS.
Nous disposons en effet d’un nouveau traitement préventif, qui consiste en une injection de Nirsevimab. Quel est ce traitement aux premiers résultats très prometteurs ?
La maladie
Petit rappel sur la bronchiolite : il s’agit d’une infection des petites bronches, les bronchioles, par un virus, le plus connu et le plus sévère étant le Virus Respiratoire Syncitial ou VRS. Cette infection provoque des difficultés respiratoires importantes, surtout chez les tout petits, avec parfois des malaises chez les moins de deux mois. Quand la situation s’aggrave, il est nécessaire d’hospitaliser l’enfant, le nourrir par une sonde et lui apporter de l’oxygène. L’an dernier, 26 000 enfants, à cause d’une bronchiolite, ont dû être hospitalisés en France, et 3 fois plus sont passés aux urgences.
Nouveau traitement
Le Nirsevimab est un nouveau traitement, un anticorps monoclonal humain, obtenu par la technique de l’ADN recombinant : on vous explique !
Un anticorps, c’est une grosse molécule fabriquée par certains lymphocytes (des cellules du sang). Chaque anticorps est dirigé contre un ennemi bien particulier, il a la forme qu’il faut pour se fixer sur la surface de cet ennemi, virus ou bactérie, afin de le détruire. Quand on injecte un vaccin, on envoie une partie du virus ou de la bactérie, pour que les lymphocytes le découvrent et apprennent à fabriquer des anticorps. Ainsi, lorsque le « vrai » virus ou la « vraie » bactérie s’introduira dans le corps, celui-ci sera prêt à se défendre. En effet, fabriquer un anticorps prend du temps et parfois trop par rapport à la sévérité de la maladie provoquée.
ADN recombinant
Le Nirsévimab n’est pas un vaccin, mais directement un anticorps : la défense est toute prête, on l’injecte telle quelle ! Comment a-t-on fait ? Les molécules sont fabriquées par le corps à partir de la commande de l’ADN : celui-ci est comme un long filament, chaque petit morceau code pour une molécule grâce à son système de lecture. On a déterminé quel gène code pour l’anticorps qui va attaquer le VRS, puis on l’a multiplié, et on l’a envoyé dans les cellules d’un animal (pour le Nirsevimab, un hamster), afin qu’elles lisent l’ADN envoyé et fabriquent beaucoup d’anticorps. On les récupère ensuite pour les injecter au patient. On s’est donc servi des cellules choisies comme d’une usine de production (évidemment, ce sont des cellules particulièrement performantes).
Cet anticorps ne reste que quelques mois dans le corps de l’enfant, il est ensuite éliminé (au bout de 5 mois environ), mais c’est suffisant pour protéger un bébé durant son premier hiver ; les moins de 6 mois étant les plus vulnérables, l’objectif sera donc atteint. Les résultats d’une étude réalisée l’année dernière sur 8 000 enfants montrent que le Nirsevimab pourrait diminuer de 83 % le nombre
d’hospitalisations liées à la bronchiolite…. Si les résultats de cette année le confirment, quel pas en avant pour la santé des tout-petits ! Nous ferons le point au printemps prochain…
Dct Anne-Sophie Biclet
Actuailes n°165 - 4 octobre 2023
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