Le 26 septembre, l’Arabie saoudite a envoyé son premier ambassadeur en Palestine, une première depuis plus de trente ans. Le même jour, Israël annonçait qu’un de ses ministres se trouvait en Arabie saoudite, une première dans l’Histoire. À quoi joue Riyad ?
« L’ennemi de mon ennemi est mon ami »
La rivalité entre la Palestine et Israël remonte à la création de ce dernier en 1948 et reste aujourd’hui l’une des grandes questions qui agitent le Moyen-Orient. Par des jeux d’alliances, les pays du Golfe persique, en tant que « frères arabes » des Palestiniens, s’opposent donc à Israël. Tous ? Non ! Au contraire, certains pays inexistants à la naissance d’Israël se sont considérablement enrichis grâce au pétrole et au gaz. Ils ont ensuite cherché, et c’est le cas aujourd’hui, plus à prospérer qu’à se préoccuper de leurs coreligionnaires.
Par conséquent, ceux-là, dont fait partie l’Arabie saoudite, se rapprochent de qui peut bien contribuer à son succès (politique et économique). Et Israël, un pays relativement riche et soutenu par les Américains, est un bon candidat.
« Entre États, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts »
Fin septembre, l’Arabie saoudite a accueilli le ministre du Tourisme israélien pour une visite publique au royaume, pour la première fois.
Au même moment, Riyad, la capitale du royaume saoudien, s’est convaincue qu’il fallait assurer son soutien aux Palestiniens : elle a donc envoyé son premier ambassadeur, tant attendu par les Palestiniens.
En jouant sur les deux tableaux, Riyad semble brouiller les cartes : de quel côté est réellement Mohammed Bin Salmane, le prince héritier saoudien ?
En fait, il a promis en 2020 de faire la paix avec Israël, sous l’égide des Américains. Par effet domino, ils espèrent que s’apaise la situation dans cette région déjà très agitée. Mais, à la tête d’un pays arabe qui abrite des lieux saints de l’islam (La Mecque et Médine), il ne peut décemment pas abandonner le peuple palestinien, frère en islam. Il soutient donc aussi la Palestine, ce qui lui permet par la même occasion de s’ériger en modérateur, à contre-courant de l’image qu’on se fait de l’Arabie Saoudite.
En fait, ce qui compte c’est de gagner sa place. Quel que soit le moyen. Et même si la Palestine se voit peu abandonnée par ses « faux-frères ». La phrase : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami », dont l’origine est attribuée à un prince arabe, est peut-être juste quand on parle de tribus, mais pas quand on parle d’États.
Abu Jibri
Actuailes n°165 - 4 octobre 2023
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