Le début de la guerre de Crimée
Mon cher Ivan,
Tu sais peut-être que, dans la guerre qui oppose aujourd’hui la Russie et l’Ukraine, une des sources du conflit a été la possession de la Crimée, cette péninsule au sud de l’Ukraine qui s’avance dans la Mer Noire.
Ce n’est pas la première fois que l’on se bat pour ce territoire: au milieu du XIXesiècle, l’Empire russe et une coalition regroupant la France, le Royaume-Uni, l’Empire ottoman et le royaume de Sardaigne, avec le soutien de l’Empire austro-hongrois, se sont affrontés pour lui.
Ce fut la guerre de Crimée, qui dura de 1853 à 1856. En France, on s’en souvient surtout à Paris: Sébastopol est le nom d’un boulevard et d’une station de métro, Malakoff est une ville de la banlieue sud, et le pont de l’Alma – avec son zouave qui permet de mesurer les crues de la Seine – permet de franchir la Seine entre les 7e et 8e arrondissements.
Au XVIIe siècle, l’Empire ottoman possédait cette péninsule. Son affaiblissement progressif l’avait contraint à céder des territoires à son puissant voisin, la Russie, qui avait mené plusieurs opérations militaires dans les Balkans au cours de la première moitié du XIXesiècle. Les États européens, craignant que l’Empire ottoman ne passe entièrement sous le contrôle des tsars, prirent le prétexte des tensions entre catholiques et orthodoxes pour la gestion des lieux saints pour entrer en guerre le 4 octobre 1853.
Les premiers combats opposèrent Turcs et Russes. Il fallut attendre presque un an pour que Français et Anglais rejoignent le front en Crimée: ce fut la victoire de l’Alma le 20 septembre 1854, puis les débuts du siège de Sébastopol, importante base navale de la péninsule. Ce siège se transforma rapidement en guerre de tranchées, et la situation s’enlisa pour de longs mois, marqués par le froid, la faim et les maladies, surtout le choléra. Près d’un an après le début du siège, le 8 septembre 1855, la prise du bastion de Malakoff par les Français, commandés par le maréchal de Mac Mahon, permit d’en voir la fin.
Le 30 mars 1856, le traité de Paris mit fin au conflit, sans résoudre ce qui l’avait provoqué: si la volonté expansionniste de la Russie était contrée, l’accès aux lieux saints n’avait pas été débattu par les diplomates.
Tante Cécile
Actuailes n°165 - 4 octobre 2023
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