Une révolution énergétique en marche au Sahel ?

Alors que la région subit encore les soubresauts des récents coups d’État et des multiples attaques terroristes, deux annonces fortes ont récemment fait la une des journaux au Sahel. 

Sont prévues l’implantation d’une centrale nucléaire au Burkina Faso, avec l’appui de la Russie, et la création du plus grand oléoduc d’Afrique entre le Niger et le Bénin. Est-ce réellement crédible ?  

Projets étonnants ? 

Il peut parfois paraître surprenant, dans des pays au climat rude et où le salaire mensuel minimum dépasse difficilement les 40 000 francs CFA (60 euros environ), de privilégier des projets que nos yeux d’occidentaux jugent farfelus. On se souvient ainsi d’une vidéo humoristique présentant le projet « Troposhère » au Congo, censé envoyer des scientifiques africains dans l’espace sans réellement en cerner la finalité.  

Pourtant, dans ces contrées où les sols regorgent de matières premières, dont des hydrocarbures, et où l’électricité coûte très cher, les habitants tirent profit de ces programmes améliorant le quotidien de tous. Les populations africaines, longtemps en marge de l’histoire, ont aussi besoin de rêver et de montrer au monde qu’elles sont capables, comme l’Occident, d’avancées technologiques et scientifiques. Encore faut-il qu’elles soient soutenables. 

En période de coup d’État en particulier, les hommes arrivés au pouvoir par la force s’appuient sur des promesses parfois irréalistes pour s’attacher le soutien de la rue et ainsi rester au pouvoir.  

Le cas de l’oléoduc nigérien semble plausible : inauguré début novembre et long de 2 000 kms, il devrait permettre au pays d’écouler vers les ports béninois environ 100 000 barils de pétrole par jour, faisant rentrer le Niger dans la cour des producteurs d’or noir. Les autorités estiment que les exportations pourraient générer un quart du PIB du pays en 2026 et créer des emplois.  

Néanmoins, le pays reste encore sous le coup des sanctions de la CEDEAO, sa frontière avec le Bénin reste fermée et la pression terroriste ne diminue pas.  

Une centrale nucléaire au Burkina Faso  

Est-ce bien possible ?  

À ce jour, la seule centrale du continent est située en Afrique du Sud. Toutefois, Ibrahim Traoré, président autoproclamé du Burkina, entend faire de son pays « l’Eldorado de l’Afrique subsaharienne ». Une centrale nucléaire nécessite néanmoins du temps, 15 ans a minima pour réaliser ses infrastructures, et de la stabilité politique dans la durée. Elle a ensuite besoin d’eau froide en quantité pour refroidir les réacteurs, ce dont manque cruellement tout le Sahel (à titre de comparaison, on estime que 10 % des ressources en eau de la France sont utilisées par nos centrales). Elle a enfin besoin de sûreté pour éviter tout accident technologique ou agression armée, dans un pays contrôlant à peine 30 % de son territoire.  

Le Sahel, en panne de stabilité politique et de ressources financières, gagnerait peut-être à diversifier en investissant dans de l’énergie solaire qui pallierait une partie des besoins et pourrait à terme être exportée.    

Guillaume P.

Actuailes n°167 - 15 novembre 2023