Retour à Samarcande

Le Président Macron était reçu officiellement en Ouzbékistan début novembre. Une étape historique sur la «Route de la soie». 

Le dessous des cartes 

Seulement trois pays dans le monde sont entourés par des pays qui n’ont pas eux-mêmes d’accès à la mer. Enclavé entre tous les pays «en stan», l’Ouzbékistan est l’un de ceux-là1. Au cœur de l’Asie centrale, il est surtout à la croisée des grands empires russes (au nord), chinois (à l’est), perse (au sud) et turc (à l’ouest). Pour ces raisons, il a été plusieurs fois envahi au cours des siècles: par Alexandre le Grand (IVe siècle avant J.-C.), par Gengis Kahn (au XIIIe siècle), ou encore par les soviétiques (au XXe siècle).  

Mais il a aussi su faire de sa situation géographique un avantage, celui de carrefour incontournable des échanges entre les mondes européen et asiatique, à l’époque où les routes du commerce étaient majoritairement terrestres, et non maritimes comme aujourd’hui. C’est ainsi qu’est née Samarcande.  

Carrefour des cultures 

Fondée au Ier millénaire avant J.-C., c’est l’une des plus anciennes cités habitées d’Asie centrale. Elle fût décrite dans leurs récits d’expédition par deux voyageurs célèbres, un chrétien de Venise (Marco Polo, vers 1272) et un musulman d’Afrique du Nord (le berbère Ibn Battuta, vers 1335): «[…] une des plus grandes, des plus belles et des plus magnifiques cités du monde. Elle est bâtie sur le bord d'une rivière nommée rivière des Foulons, et couverte de machines hydrauliques, qui arrosent des jardins. Il y avait aussi sur le bord du fleuve des palais considérables et des monuments qui annonçaient l'élévation de l'esprit des habitants de Samarcande. Ces derniers possèdent des qualités généreuses, et ont de l'amitié pour les étrangers.» En 1369, elle devient la capitale de Tamerlan, «l’épée de l’Islam», un conquérant turco-mongol, considéré comme l’un des plus grands chefs et tacticiens de l’histoire militaire. C’est lui et ses descendants (les timourides) qui donneront à la ville toute sa splendeur, jusqu’à son âge d’or au XVe siècle. 

 Après les commerçants, ce sont les scientifiques qui feront sa réputation. Sous l’impulsion du prince et astronome Ulugh Beg, elle abrita notamment un observatoire astronomique aux dimensions exceptionnelles, permettant de prévoir les éclipses ou de calculer l’heure de lever du soleil. Elle est aussi connue pour abriter de nombreuses medersas (des écoles coraniques) et plusieurs mausolées, dont celui du grand prophète Daniel, celui de l’Ancien Testament, qui est aussi considéré par les musulmans, raison pour laquelle Tamerlan rapporta ses reliques de Perse. 

La cité a été inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 2001. 

Emmanuel

Actuailes n°167 - 15 novembre 2023