Des milliers d’études ont été réalisées sur l’impact de l’exposition aux écrans, en particulier chez l’enfant.
Notre vie numérique s’est considérablement développée depuis les vingt dernières années. Que pouvons-nous tirer de ces travaux?
Pour les petits
Il y a des éléments d’alerte objectifs: l’exposition aux écrans des enfants de moins de trois ans est jointe à une augmentation des retards de langage, à moins de facilité à s’intégrer socialement plus tard, moins de dextérité en mathématiques, moins de capacité de concentration et plus de désintérêt pour les apprentissages.
Pour les plus grands
Chez ceux qui regardent des écrans plus de 7 heures par jour, la matière même du cerveau se modifie: la substance blanche qui permet toutes les connexions entre les cellules du cerveau (les neurones) diminue de volume.
Chez les enfants de 8 à 15 ans
On a pu lier le temps passé devant les écrans avec des troubles de l’attention et des difficultés de coordination. Même en maniant des manettes très rapidement pendant des jeux vidéo, cette activité ne mobilise qu’une forme de mouvement, sans fonctions multiples (quand je joue avec quelqu’un en face de moi, je mobilise tout mon corps, le langage, les mains, je réagis aux émotions de l’autre, je crée de l’information…).
Il existe un lien avec la dépression et l’anxiété, la diminution de l’empathie (la capacité à sentir les émotions de l’autre, à se mettre à sa place) et une plus grande agressivité. Enfin, la consommation d’écran augmente les troubles du sommeil, l’hypertension et l’obésité.
Notre cerveau
Notre cerveau se construit petit à petit, et ce qu’il saura faire dépend de cette construction. Nos 25 premières années sont essentielles pour donner de bonnes capacités, car c’est alors que le cerveau se développe le plus. Pour cela, il nécessite des stimulations multiples et différentes et doit «fabriquer» de l’information, être dans la relation avec l’autre. Il a besoin aussi de persévérance.
Que constatons-nous devant une information numérique: je la reçois sans rien avoir à concevoir avec ma tête, elle est toujours de même type, ne me demande pas d’adaptation ou d’effort pour l’obtenir. C’est donc très insuffisant pour mon cerveau en pleine croissance!
Dopamine et sérotonine
Regarder un écran avec ses informations lumineuses et mobiles nous fait secréter une hormone dans le cerveau, la dopamine – l’hormone de la satisfaction immédiate, mais de courte durée. On se sent bien, mais ça ne dure pas. Et, plus on en regarde, plus le cerveau nous donne envie de continuer. C’est pour cela qu’il est si difficile d’y renoncer.
En revanche, être en relation avec les autres, prendre des décisions, regarder ce qui nous entoure nous fait secréter de la sérotonine – nécessaire à un sentiment de bonheur stable. Voilà donc le lien avec l’anxiété et la dépression…
Cela ne veut pas dire que les écrans sont forcément mauvais: ils nous permettent de nous renseigner, de nous distraire, parfois de dialoguer à distance avec des gens, ils apportent selon certaines études une capacité de raisonnement plus rapide et fluide; il ne s’agit donc pas de les bannir, mais d’apprendre à s’en servir, selon son âge, en sachant qu’ils peuvent rendre dépendants…
Dr Anne-Sophie Biclet
Actuailes n°167 - 15 novembre 2023
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