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À la rencontre de l’Éthiopie orthodoxe

28-11-2023 à 20:26:05

Avant de rentrer dans l’Avent, «L’Arbre à Palabres» t’emmène cette semaine sur les chemins de l’Éthiopie, un ilôt de chrétienté orthodoxe au cœur de l’Afrique musulmane. 

Seul pays d’Afrique à ne pas avoir connu la colonisation, l’Éthiopie fait souvent figure d’anomalie sur le continent. Plus ancienne Église d’Afrique noire, cela explique peut-être la ferveur unique que l’on rencontre quand on emprunte les routes de l’ex-royaume d’Abyssinie.  

Terre de légende 

Malraux parlait d’«une terre de légende»: les bains de la reine de Saba d’Axoum, l’arche de l’Alliance de Sainte-Marie de Sion, Lalibela… autant de noms magiques qui résonnent chez ceux qui ont un jour eu la chance de visiter ces lieux chargés de spiritualité, et de croiser les regards souriants et spontanés des habitants de cette région du Tigray aujourd’hui en proie à un conflit qui dure. Nous avons eu la chance de le faire en famille il y a quelques années, durant la semaine sainte orthodoxe (le calendrier julien orthodoxe étant en retard de 13 jours par rapport à notre calendrier grégorien, en vigueur chez les catholiques). 

Une construction dans l’adversité  

L’histoire de l’Église Ethiopienne orthodoxe s’est faite dans l’adversité. Elle commence à sa fondation au Vesiècle, suite à la conversion du roi d’Aksoum, Ezana. Elle est ensuite confrontée au fil des siècles à de multiples soubresauts, dus aux guerres ou conquêtes musulmanes du VIIe siècle dans la Corne de l’Afrique, qui l’isolent partiellement du monde chrétien. C’est au XIIe siècle que le roi Lalibela entreprit d’ailleurs de construire le chef-d’œuvre de la chrétienté orthodoxe, une «Nouvelle Jérusalem» au travers de 11 églises monolithiques, en réponse aux conquêtes musulmanes ayant mis un terme aux pèlerinages chrétiens en Terre Sainte.  

Plus tard, au XVIe siècle, à nouveau menacé d’effondrement, le christianisme éthiopien est sauvé par l’arrivée de soldats et de missionnaires portugais, dont les traces sont encore présentes avec les ruines du fort de Gondar. Au XIXe siècle, sous la pression des velléités coloniales, Menelik II donne au pays ses frontières contemporaines, modernise le pays et contribue à repousser les Italiens en 1896, et ainsi à faire perdurer la légende d’une Éthiopie seul pays d’Afrique jamais colonisé. L’émancipation vient enfin en 1959: jusqu’ici désigné par le patriarche copte d’Alexandrie, le dirigeant de l’Église d’Éthiopie (nommé «Abouna») est désormais désigné par les évêques du pays. 

L’Éthiopie dans la modernité 

Aujourd’hui, l’Éthiopie fait face à la sécularisation1 en cours et à la montée de l’islam radical. Si le pays est officiellement laïc, l’Église y garde néanmoins une influence forte: ayant contribué directement à la création et à la survie de l’existence de la nation éthiopienne, elle demeure un ciment essentiel pour la nation. Fortement représentée sur les hauts plateaux, elle l’est aussi au sein d’instances gouvernementales qui demeurent majoritairement chrétiennes.   

Guillaume P.

Actuailes n°168 - 29 novembre 2023


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